L’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem

histoire de Saint-Omer

ospitaliers

Cet Ordre trouve son origine dans un hôpital fondé par un groupe dirigé par Frère Gérard (appelé par erreur de traduction Gérard Tenque), dans la Ville sainte au milieu du XI ème siècle pour héberger les pèlerins venus prier sur le tombeau du Christ. Pendant deux siècles, les frères accueillent des voyageurs, riches ou pauvres, malades ou non portent assistance aux déshérités et délivrent des soins médicaux aux blessés de guerre. D’abord ordre religieux, il est investi de responsabilités militaires dès le XII ème siècle avant même de devenir pleinement un ordre religieux-militaire. Pour preuve, l’apparition de frères d’armes, engagés avec les Templiers dans la défense des Lieux saints et des États latins d’Orient, et la grande forteresse du Crac des Chevaliers, qui atteste aujourd’hui encore de l’importance des moyens consacrés à cette tâche. La Terre sainte, mais aussi la péninsule Ibérique, sont le terrain d’élection de leur engagement dans les combats et la défense des forteresses. Pour mener leurs missions sur le « front », ils peuvent s’appuyer sur des ressources accumulées à « l’arrière », dans la chrétienté latine d’Occident, grâce à un puissant réseau de maisons et provinces. Chassé de Terre sainte à la chute d’Acre en 1291 en même temps que les Templiers, l’hôpital se replie à Chypre avant de s’établir à Rhodes à partir de 1310. Assiégés par Soliman le Magnifique, les hospitaliers se réfugient à Malte fin 1521. Vers 1130 Raymond du Puy rédige une première règle modelée sur celle de saint Augustin. La règle de saint Augustin est certainement la règle la plus communautaire, elle insiste plus sur le partage que le détachement, plus sur la communion que la chasteté et plus sur l'harmonie que l'obéissance. Ecrite en latin, elle est composée de dix-neuf chapitres :
Comment les frères doivent faire leur profession
Les droits auxquels les frères peuvent prétendre
Du comportement des frères, du service des églises, de la réception des malades
Comment les frères doivent se comporter à l'extérieur
Qui doit collecter les aumônes et comment
De la recette provenant d'aumônes et des labours des maisons
Quels sont les frères qui peuvent aller prêcher et de quelle manière
Des draps et de la nourriture des frères
Des frères qui commettent le péché de fornication
des frères qui se battent avec d'autres frères et leur portent des coups
Du silence des frères
Des frères qui se conduisent mal
Des frères trouvés en possession de biens propres
Des offices que l'on doit célébrer pour les frères défunts
Comment les statuts, dont il est question ci-dessus, doivent être rigoureusement observés
Comment les seigneurs malades doivent être accueillis et servis
De quelle manière les frères peuvent corriger d'autres frères
Comment un frère doit accuser un autre frère
Les frères doivent porter sur leur poitrine le signe de la croix
Cette règle établit clairement trois choses, c'est bien une règle monastique, elle parle par deux fois de l'accueil des malades et elle fixe le signe distinctif des croisés, le signe de la croix sur la poitrine, pour les frères Hospitaliers la chasuble sera noire et la croix sera blanche. La date exacte de l'approbation de la règle par le pape Eugène III n'est pas connue avec exactitude mais les historiens la fixent avant 1159. Il est maintenant possible de parler de la fraternité de l’Hôpital : « C'est la convergence entre la mise en place des premières structures administratives régionales et l'élaboration de la règle par le maître Raymond du Puy et son approbation par le pape Eugène III au milieu du XII ème siècle qui permettent de dire que, alors et alors seulement, l'Hôpital est devenu l'Ordre Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem ».

Templiers et Hospitaliers ce que vous ignorez

Le Templier n'était pas un Croisé ordinaire, il avait prété serment au Pape de rester moine soldat toute sa vie et de se consacrer à la défense de la Chrétienté. Contrairement au Croisé qui repartait dans son fief après une croisade ( quand il n'était pas mort ! ), le Templier restait sur place au Proche Orient, il ne revenait en Occident ( dans une Commanderie ) que lorsque son âge l'empéchait de combattre. Néanmoins même quand ils étaient vieux ( ce qui n'arrivait que très rarement, car beaucoup mourraient très jeunes aux combats ! ) certains Templiers préféraient rester dans les Etats Latins jusqu'a leur mort.
Les dignitaires de l'Ordre du Temple étaient eux amenés à revenir fréquemment en Occident pour contrôler l'administration des Bailliages et Commanderies, pour récupérer l'argent nécessaire à l'entretient d'une armée en campagne au proche orient, pour rencontrer les Seigneurs et Rois d'Occident afin de les sensibiliser à l'effort de guerre, pour rendre compte au Pape.
Dès 1250 les Seigneurs et Rois d'Occident se firent prier pour envoyer des renforts dans les Etats Latins d'Orient. A cette date ces Seigneurs et Rois d'Occident se désengagérent de cette aventure orientale vouée selon eux à l'échec car trop lointaine. Pour remédier à ce problème, la Papauté et les Royautés avaient la solution : fusionner les Templiers les Hospitaliers et les Teutoniques pour reconstituer une armée digne de la première Croisade ! Saint Louis, Charles II d'anjou Grégoire X, Nicolas IV et Boniface VIII y avaient songé ! Par deux fois la fusion fut abordée : en 1274 au concile de Lyon, en 1291 au concile de Salzbourg. Les écrivains n'étaient pas en reste sur la question, Raymond Lulle , Pierre Dubois esquissérent en 1306 des traités dans ce sens. Mais il ne se passa rien et les trois Ordres restérent hostiles à cette idée de fusion.
Mais revenons à l'an 1250, les Templiers apprirent à se battre à 1 contre 3, puis au fil des décennies à 1 contre 10, enfin en 1291 ils furent submergés par le flot des combattants Musulmans à Saint Jean d'Acre. Cette date marqua le retour des Templiers survivants dans leurs royaumes respectifs. Partout ils furent accueillis chaleureusement, partout sauf en France.
Dès l'année 1292 Philippe le Bel proposa la fusion des Ordres Hospitaliers et Templiers sous les auspices de son fils, les Templiers refusèrent au prétexte que seul le Pape pouvait leur donner des ordres. Les Hospitaliers conscient du danger que représentait pour eux Philippe le Bel renièrent le Pape pour se ranger aux propositions du roi. La suite tout le monde la connait, de 1292 à 1305 , le roi orchestra une campagne de diffamation à l'encontre du Temple aidé en cela par un clergé français revanchard et des sbires zélés ! Philippe le Bel qui s'était fait la main sur les Cathares, sur les banquiers Lombards, et sur les Juifs, ordonna l'extermination du Temple en 1307 et fit main basse sur ses trésors, les Hospitaliers quant à eux s'appropriérent les commanderies Templières avec l'aval du roi .

Les Hospitaliers seront plus tard qualifiés de fourbes par Maximilien Robespierre, mais c'est Bonaparte qui scellera leur sort .

Les Hospitaliers survécurent aux Templiers grâce à leur faculté d'adaptation, ils perçurent dès 1291 que leur salut passait par une allégeance au roi de France et un reniement de la Papauté. Les hospitaliers seront successivement chevaliers de Chypre, chevaliers de Rhodes et enfin chevaliers de Malte.

Mais à la révolution Française un vent mauvais souffla sur les Hospitaliers.

Contrairement aux idées reçues Maximilien Robespierre croyait en Dieu, il était seulement dégouté par le comportement d'un grand nombre d'écclésiastiques . Il avait beaucoup étudié l'histoire et n'aimait pas les Hospitaliers il leur préférait les Templiers, qui étaient à ses yeux des hommes intégres injustement traités par la Royauté et le clergé Français. Augustin le jeune frère de Maximilien était ami avec le jeune lieutenant Bonaparte qu'il contribua à promouvoir Général à la suite du siège victorieux de Toulon contre les Anglais. Les deux hommes s'estimaient beaucoup et Augustin plaida la cause des Templiers auprès de son ami Bonaparte entre 1793 et 1794 quand il était représentant de la Nation en mission pour l'armée ( celle du sud de la France et d'Italie ).
Bonaparte retint la leçon concernant la fin tragique des Templiers, et, comme les frères Robespierre considérera les Hospitaliers comme des traitres et des spoliateurs de l'Ordre du Temple. En 1798 Bonaparte se lance dans la campagne d'Egypte, mais le 12 Juin il s'arrete à Malte pour apurer les "comptes de l'histoire". Devant l'imposante armée conduite par Bonaparte, les chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem lui remettent ( sans combattre ) la ville et les forts de la Valette. Ils renoncent aussi en faveur de la première République Française, aux droits de propriété qu’ils avaient sur cette ville et sur les îles de Malte, de Gozzo et de Cumino. L'Ordre qui s'était placé sous la protection de Paul Ier de Russie après son banissement par Bonaparte, voit une majorité de ses chevaliers s'exiler à Saint-Pétersbourg où ils élisent le tzar comme grand maître en 1798. Mais avec l'abdication du grand-maître Ferdinand de Hompesch en 1799 et la mort de Paul Ier en 1801, s'ouvre pour l'Ordre des Hospitaliers une période noire qui ira jusqu'à son éclatement en ordres concurrents. En plus des ordres historiques issus de la scission protestante comme l'Ordre de Saint-Jean, son principal successeur catholique fut l'Ordre Souverain Militaire Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte ( fondé officiellement en 1961 ).

Pour finir, Bonaparte qui avait conservé toute son admiration pour les frères Robespierre, accordera en 1804 une pension à vie à leur soeur (Charlotte) qui vivait cachée et dans le plus grand dénument depuis que ses deux frères avaient été décapités en 1794. Il convient enfin de noter que Bonaparte oeuvrera au renouveau du Templarisme dès 1804, et ses successeurs ( Louis XVIII, Charles X, Louis Philippe ) lui emboiteront le pas .