Niche de la Châsse du Chef de saint Omer
Vous pouvez facilement repérer cette Niche sur la vue en plan de la Cathédrale que vous trouverez ci-dessous, en effet, son emprise au sol est colorée en rouge.
Sources Emmanuel WALLET
( 1 ) Cette niche, ou espèce d'armoire grillée, était alors, suivant un ancien usage, qu'on retrouve en 1463 et bien au-delà sans doute, fermée par une double clef, dont l'une restait aux mains du chapitre,
et l'autre en celles du magistrat. Cette dernière, conservée au musée, porte à jour sur son panneton, la double croix qui compose les armes de la ville. Au-dessus de cette niche se voit encore la statue de Saint
Omer avec les armes du chapitre et cette inscription : 'sasctï addomare civitatis patrose ora pro subis'.
( 2 ) V. Descript. de l'abbaye de Saint Bertin. La châsse de Saint Denis, que l'on voyait jadis au trésor de l'abbaye de ce nom, ressemblait assez à celle de Saint Omer, quoiqu'elle lui fût de deux siècles antérieure. La mitre du saint était toutefois plus basse et, au lieu du buste, c'était seulement la tête que supportaient deux anges ce qui lui donnait une forme moins pyramidale et moins élégante que ne l'était celle de la châsse de Saint Omer. ( V. Felibien , Aijt. de l'abb. de St. Denis , pl. 111 , p. 209 , 256 et 540. )
( 3 ) Vers 1793, lors de la dévastation de Notre Dame, un sieur Thomas, gardien de cette église, sut adroitement soustraire de sa riche enveloppe le chef de Saint Omer avec ses authentiques et après les avoir renfermés dans un vieux buste de pape, il les alla cacher sur la voûte de l 'edifice. Malheureusement une seconde perquisition fit découvrir ce buste, et il fut vendu à l'encan avec le reste du mobilier. Un sieur Rolland, horloger de cette ville, s'en rendit acquéreur, emporta son buste de pape, et pour mieux conserver la mémoire de son patron, changea sa tiare en mitre, et inscrivit au bas le nom de Saint Omer.
Plus tard, à l'ouverture des églises, l'évéque constitutionnel Asselin, qui tenait siège à Saint-Sépulchre, voulant faire une procession, et se trouvant sans ostensoir de saints, emprunta le buste de Rolland. Mais,
comme on travaillait à le fixer sur le brancard, et qu'à cet effet on le perçait en-dessous pour introduire la fiche de bois qui l'y devait retenir, on s'aperçut qu'il était évidé, et en recherchant ce qu'il contenait, on découvrit le chef et les authentiques de Saint Omer.
Rolland, informé de l'aventure, réclama son buste. L'évéque Asselin, de son côté, prétendit avoir droit sur les reliques, et refusa de les rendre. Bientot il en fallut venir à des voies judiciaires et, comme il était dans la destinée de ces restes vénérés, d'être en partie quelconque un perpétuel sujet de convoitise et de débat, un procès nouveau s'entama, non comme à d'autres époques devant le clergé, le peuple ou le Parlement, mais devant le juge de paix Dourlens. Cependant l'évéque céda et Rolland emporta son ostensoir qu'il alla soigneusement cacher dans sa chambre jusqu'au retour du clergé déporté.
En 1803, Rolland fit offre de sa relique à l'église de Notre Dame, au jour marqué pour la cérémonie, le buste et le chef du saint patron furent exposés sut un autel devant la demeure de l'horloger ( rue Haute du Commandant ), et le clergé, son doyen en tête, vint, avec pompe et nombreux concours de fidèles, chercher ce pieux trésor que quatre prêtres reportèrent sur un brancard jusque dans l'église. Là il fut déposé sur un autel, que l'on avait préparé dans la nef principale et le spirituel M Deron, vicaire alors sous son vénérable prédécesseur M. Coyecque, prononça un discours remarquable, dans lequel, après avoir rappelé la vie et les miracles de Saint Omer, la puissance de cette châsse que l'on promenait jadis par la ville dans ses jours de désastre comme en ses solennités, il compara la cérémonie nouvelle à celle qui se fit au temps de David, lorsque l'on transféra l'arche sainte de la demeure d'Obed-edom dans le tabernacle qui lui avait été préparé ( V. Bible , 2 reg. c. 6 , v. 17 ). Ce fut ce passage de l'écriture qu'il prit pour texte de son discours et ces chants, ces transports de pieuse allégresse, dont le peuple de Saint Omer accompagnait la translation du chef de son apôtre, depuis la demeure du nouvel Obed-edom jusque dans le sanctuaire de l'église de Notre Dame, ce fut pour lui la voix des lévites, ce furent les cantiques, les actions de grâce du peuple d'Israël qu'il crut entendre encore, et dont il sut réveiller si heureusement le souvenir en cette occasion. Tels sont, sur ce point, les divers documents que nous avons recueillis de M. Deron lui-même, et que le lecteur ne nous reprochera point sans doute de lui avoir transmis avec quelques détails. ( V. N.-D. de St.-Omer , p. 107 , n°71 ).
( 4 ) On lit en effet dans une délibération du magistrat, en date de 1466, qu'à cette époque "on enslata le chief de Monsieur de Saint Aumer d'un ancien vaissel d'argent dore ou il y avait esté gardé moult
grant et long espace de temps et le mist en un nouvel et plus grand reliquaire ayant forme de tête et le chief mitré comme evesque". Ce qui tend à prouver que le précédent reliquaire, celui de 1369 évidemment, n'avait point forme de buste. Cette interprétation d'ailleurs, semble confirmee pur le récit d'Hendricq ( tome 2 , page 386 ), et s'il en est autrement parlé dans Deneuville, il faut dire aussi qu'il s'est complètement trompé sur la date ci-dessus, qu'il fixe en 1446, et sur la description de cette châsse. (V. t. i.Chronologie et p. 140 ).
( 5 ) Les archives du chapitre nous offrent une pièce précieuse relativement à ce buste elle est intitulée : Compte de la capse pour reposer le chiej monseigneur Saint Aumer, et l'on y trouve : que Clay
Bey , orfeve de Thérouanne, s'engagea , le 21 mars 1462, à confectionner en argent la nouvelle châsse que l'on paya neuf livres à Prequin du Molin. pour avoir taillie en bois les patrons de la dite
capse et trois angelos chacun estoffé de deux eles. quelle fut la somme payée pour la peinture, couleur de chair, donnée tant à la ligure du saint, qu'aux faces et aux mains des trois auges. quelle fut la dépense occasionnée pour le transport du buste de Saint Maxime, que l'on avait fait venir de Thérouanne, pour servir de modèle à celui de Saint Omer, avec plusieurs autres documents, accompagnés de détails curieux sur les diverses donations et dépenses, faites à cette occasion. Il apparait aussi des registres aux délibérations de la ville de Saint-Omer, qu'en 1463, le magistrat contribua pour 20 marcs d'or, à l'exécution de ce travail. Nous ferons remarquer à cette occasion, que l'on a dit et répété qu'en 1363, la comtesse Mathilde avait fait don a Notre Dame d'une nouvelle et superbe châsse destinée à recevoir le chef de cet évêque mais en cela, selon nous, et d'après l'acte de 1466 précité ( page 49 ), on aura fait erreur, soit qu'on y ait été conduit par le breviaire de Saint Omer ( Leç. du 21 ), soit qu'on ait mal interprété certain passage de Locre, où il est fait mention d'une châsse de ce saint, donnée à cette époque par la comtesse Mathilde, mais a l'église d'Arras, parait-il. Aussi voyons-nous qu'Hennehert , historien et chanoine de cette église , en parlant de la chasse de saint Omer , qui existait à Notre Dame, raconte seulement que cette comtesse l'enrichit de pierres précieuses. Il resterait toutefois encore à déterminer laquelle des deux châsses, ou de celle renfermant le chef, ou de celle contenant le corps, fut l'objet de cette riche offrande. C'est là ce que de nouvelles recherches, tentées parmi les archives, parviendront sans doute à faire préciser.