Les abords de la Cathédrale Notre-Dame
Au VII ème siècle, les marches septentrionales du royaume des Francs sont encore peu christianisées. Pour les amener dans le giron de l’Eglise, les rois mérovingiens, en particulier Dagobert Ier, décident d’y envoyer plusieurs évêques évangélisateurs. Parmi eux figure Omer, moine de Luxeuil né dans le Cotentin, qui reçoit l’évêché le plus au nord de la Gaule, celui de Thérouanne. Les étapes de sa mission restent difficiles à reconstituer mais, si l’on en croit la plus ancienne version de sa Vita rédigée au début du IX ème siècle, elle aboutit assez tôt à la conversion d’un certain Adroald qui lui fait don d’une de ses possessions
appelée Sithiu, sur les hauteurs de laquelle Omer décide de construire une église dédiée à la Vierge. Mais l’action de l’évêque ne s’arrête pas là : rapidement rejoint par trois moines, Momelin, Ebertram et Bertin, il les aide à fonder non loin de là, sur les rives de l’Aa, un monastère dédié aux apôtres Pierre et Paul. C’est d’ailleurs à Bertin devenu abbé de ce monastère, qu’en 662 peu avant sa mort, Omer confie la petite église qu’il avait autrefois construite et où il choisit de se faire inhumer : il donne ainsi naissance au monastère double de Sithiu, constitué d’une partie haute, l’église de la Vierge, et d’une partie basse, l’abbaye de Saint-Pierre et de Saint-Paul. Rapidement, la première prend également le nom de Saint-Omer, la seconde, celui de Saint-Bertin.
Tout comme les abbayes de Gand, Saint-Amand et Saint-Vaast, celle de Sithiu était devenue une abbaye royale à l’époque carolingienne. Cette unité est rompue dans les années 820 lorsqu’arrive un abbé anglo-saxon du nom de Fridugise : décidant d’appliquer à Sithiu la réforme de l’Eglise voulue par l’empereur Louis le Pieux, celui-ci divise l’abbaye entre une communauté de 60 moines, en bas, et une communauté de 30 chanoines, en haut. C’est à la fois l’acte de naissance de l’abbaye de Saint-Bertin et celui de la collégiale de Saint-Omer. Mais, bien que séparées, les deux institutions ne se tournent pas pour autant le dos et continuent d’entretenir des relations fortes.
Il faut attendre le XIe siècle pour que cet équilibre se rompe les relations s’enveniment véritablement en 1050, lorsque les moines de Saint-Bertin prétendent posséder certaines reliques de saint Omer, au détriment de leurs voisins d’en haut. Moines et chanoines ne cesseront plus de s’affronter régulièrement…
La collégiale est alors devenue un établissement particulièrement riche, disposant d’importantes possessions, situées essentiellement le long de la vallée de l’Aa mais également en Flandre, en Picardie et même en Allemagne. La fonction de prévôt, chef de la collégiale, est quant à elle particulièrement convoitée : au cours du Moyen-âge, elle est successivement occupée par des proches des comtes de Flandre, du pape puis des ducs de Bourgogne.
Histoire de l'enclos
Dans un enclos (« claustrum » a donné « cloître, clôture »), pour être séparé de l’environnement laïc. Clôture fortifiée pour abriter l'église contre les les invasions Normandes et Vikings. A partir de 1241, Robert I comte d’Artois, autorise la fermeture totale de l’enclos pour permettre aux chanoines de se rendre à l’office de nuit sans risque. Une trentaine de maisons, édifiées pour remplacer le dortoir, portaient des noms de saints ou des noms comme L’Etoile, Le Purgatoire, La Rose. L’enclos délimite ainsi la juridiction du chapitre. Au Nord se trouvaient la salle du chapitre, le cloître, la bibliothèque, le logement du greffier du chapitre 1686, les logements du suisse, du clochemant ou sonneur 1785, un puits dit de Saint-Omer … La salle du chapitre construite en 1619, abritait à l'étage la bibliothèque. Le cloître était formé d’une galerie voûtée qui entourait le cimetière canonial, il communiquait avec l’église. La maîtrise était le local dans lequel étaient logés et instruits les enfants de chœur : ils étaient une douzaine, dirigés par un maître de chapelle. On leur enseignait l’écriture, la lecture, le plain-chant et la musique. S’ils étaient doués, on leur faisait continuer leurs études.
L’enclos canonial de sa création à nos jours
Cet enclos était constitué par les bâtiments conventuels (ou communs) et les maisons individuelles des chanoines. Les cinq accès étaient marqués à l’entrée de l’enclos par des portes fermées la nuit. Les bâtiments conventuels (bibliothèque,salle du chapitre…) étaient répartis autour d’un cloître, une galerie de circulation carrée située à l’extrémité du transept nord de la collégiale. En grande partie détruit à la Révolution, il en subsiste toutefois un pan de mur en pierre dissimulé sous la végétation.
A la Révolution française, les chanoines sont chassés. Une grande partie des bâtiments canoniaux sont détruits. En 1830, M. Taffin de Givenchy acquiert auprès de la fabrique le terrain de l’ancien cloître attenant à sa maison. Il rachète en 1834 à la ville le préau canonial et ses dépendances utilisés jusque là comme école et qui seront détruits pour édifier une maison. Le palais épiscopal devient tribunal en 1795 puis cour d’assises du Pas-de-Calais. Il subit des modifications comme le couvrement de la cour intérieure et la suppression de la liaison avec la cathédrale. Les maisons de chanoines sont vendues à des particuliers comme biens nationaux. Beaucoup d’entre-elles disparaissent, frappées notamment par le plan général d’alignement des façades de 1828 qui s’applique aussi à l’enclos et en modifie le tracé médiéval ( pour la construction de l’école Notre-Dame, par exemple ).
De son côté, la municipalité adopte en 1866 un plan d’isolement de la cathédrale côté nord afin d’obtenir des crédits pour sa restauration. A l’expropriation sur une largeur de huit mètres, s’ajoute la destruction des derniers bâtiments attenants, dont la chapelle Sainte-Suzanne du XIII ème siècle, chapelle funéraire de Pierre III, onzième prévôt. Seul le tribunal y échappe.