Le Grand-orgue : deuxième du nom
Il faut attendre le XII ème siècle pour que cet instrument connaisse un réel
essor. Il trouve alors progressivement sa place dans la liturgie Catholique et s’installe dans les riches églises, cathédrales et abbatiales. Dans
le diocèse de Thérouanne, d'après un ancien rapport capitulaire, des orgues sont présentes dès 1385 à Saint-Omer (abbaye Saint-Bertin et collégiale Notre-Dame) et à Thérouanne dans la Cathédrale.
L'orgue ancien de Saint-Omer avait un faible volume sonore et obligeait son rapprochement du choeur. Il se trouvait près des grandes croisées circulaires disposées au fond de la nef transversale.
Il fut déplacé en 1391 et placé au-dessus de l'entrée de la chapelle Saint-Charles-Borromée, d'après les divers inventaires datant des XV ème et XVI ème siècles.
L'orgue que nous connaissons de nos jours est son successeur et il fut construit au début du XVIII ème siècle, c'est l'un des plus beaux de sa génération.
Le buffet, chef d’œuvre de l’art baroque, a été construit, en 1717, par les frères Antoine-Joseph et Jean-Henri Piette, maîtres sculpteurs sur bois et menuisiers à Saint-Omer et leur beau-frère Jacques-Joseph Baligand.
L'instrument lui fut construit par les Frères Thomas et Jean-Jacques Desfontaines, facteur d’orgues à Douai en 1717.
Pendant près de 140 ans, divers travaux d’entretiens et de réparation dénaturent et transforment l’instrument d’origine.
La réhabilitation de cet orgue fut Effectuée en 1855 par Aristide Cavaillé-Coll de Paris, le plus important facteur d’orgue du XIX ème siècle.
Matériaux et techniques :
Chêne avec décor en relief, décor en ronde bosse, peint, ajouré, utilisation d'étain.
Description matérielle :
L'ensemble des menuiseries et des sculptures est en chêne. Le tambour de porte et la tribune, de plan complexe, à cinq travées, sont homogènes et soigneusement articulés - les panneaux du garde-corps sont pleins. Le positif est à trois tourelles et deux plates-faces - le grand buffet est composé en façade de cinq tourelles et quatre plates-faces - les tourelles latérales sont accostées de jouées ajourées - élargi et approfondi au XIX ème siècle pour accueillir la boîte expressive, le grand buffet ne possède plus de fond - les tuyaux de façade sont en étain. La console, en chêne, est en fenêtre. La transmission est mécanique non suspendue. Les sommiers sont en chêne. La tuyauterie, homogène, est en étain, étoffe et sapin.
Iconographie :
Trophée ; feuille de chêne ; feuille de laurier ; Vierge à l'Enfant ; Salvator Mundi ; saint Thomas d'Aquin ; saint Antonin de Florence ; saint Hyacinthe ; saint Pierre de Vérone ; saint Pie V ; saint Dominique de Guzman ; sainte Catherine de Sienne ; sainte Claire d'Assise ; guirlande ; fleuron ; rinceau ; volute ; à chute végétale ; feuille d'acanthe ; ange : trompette.
Le décor du tambour de porte et de la tribune est logiquement distribué : des trophées enrubannés à feuille de chêne ou de laurier tombent des travées les plus étroites, tandis que, dans les travées les plus larges, deux sculptures en haut-relief ( la Vierge à l'Enfant en gloire au sud, l'Enfant Jésus Sauveur du Monde au nord ), en pendant, sont disposées dans des niches. Le garde-corps de la tribune présente une alternance de panneaux larges et étroits ornés en leur centre de bustes de saints dominicains, en médaillon, identifiés chacun par une inscription ( saint Thomas d'Aquin, saint Antonin de Florence, saint Hyacinthe de Cracovie, saint Pierre de Vérone, saint Pie V, saint Dominique de Guzman, sainte Catherine de Sienne et sainte Claire ) ; l'entablement de la tribune est orné alternativement de guirlandes et de fleurons. Les claires-voies des plates-faces du positif sont à rinceaux ; les tourelles latérales sont accostées de volutes. La sculpture ornementale du grand buffet est composée de guirlandes, de chutes de fleurs et de fruits sur les culots des tourelles et aux extrémités du massif ; les claires-voies sont ornées de rinceaux d'acanthe et d'enroulements feuillagés ; des statues de la Vierge, de saint Dominique et d'anges amortissaient les tourelles ( elles ont disparu ) ; les jouées ajourées sont ornées de figures d'anges jouant de la trompette, émergeant d'un décor fair de volutes, de feuillage et de fleurons.
Description historique :
Le buffet date du XVIII ème siècle ( analyse stylistique ) ; la tribune d'orgue et le tambour de porte datent probablement des années 1770-1780 ( analyse stylistique ) ; l'ensemble provient de la chapelle du couvent des dominicains de Bergues (59) ; il a été acheté en 1792 par Hilst, curé constitutionnel de Warhem ; la partie instrumentale est réparée assez rapidement, en 1805, par Guilmant, facteur à Saint-Omer (62) ; elle est refaite par Louis Neuville, facteur à Rexpoëde (59), en 1865 et 1866 ; ce facteur avait déjà refait les claviers de la console en 1861 ( date portée ) ; à cette occasion, le grand buffet est élargi et approfondi par le menuisier Tillié et le sculpteur Decuyper ( archives paroissiales ) ; l'instrument est réparé en 1925 par les facteurs Joseph et Pierre Loncke, au titre des dommages de guerre ; l'orgue est touché par un bombardement en 1940 et restauré par la Maison Vansteene et Loncke, de Ghyvlede (59) ; les travaux ont été réceptionnés en 1963.
Liste des Organistes
Dix huit Organistes se sont succédés à sa maitrise :
La liste de ces virtuoses sera communiquèe sous peu.
Ci-dessous le plan de la Cathédrale ou nous avons matérialisé ( en rouge ) l'emprise au sol du Grand-Orgue tel qu'il est en 2020.