Tombeau d'Eustache de Croy
Vous pouvez repérer cet ouvrage sur la vue en plan de la Cathédrale que vous trouverez ci-dessous, en effet, son emprise au sol est colorée en bleu au repère B, il convient de noter que son ancien emplacement était au repère A.
Cette oeuvre majeure de Jacques Du Brœucq, vient d'être restaurée par l'équipe de Camille Giordani, grâce à l'appel au mécénat lancé par Iloé Létré et François Zuindeau dans le cadre de la campagne «Le Plus Grand Musée de France» menée par la fondation pour la Sauvegarde de l'Art Français, en collaboration avec SciencesPo Lille. L'inauguration de ce monument funéraire s'est déroulée le Vendredi 09 Février 2024 en présence de François Decoster, Bruno Humetz, du conseil municipal de Saint-Omer, d'Olivier de Rohan-Chabot, Romain Saffré, l'équipe des musées et du patrimoine de Saint-Omer.
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Sources Emmanuel WALLET
Tombeau d'Eustache de Croy
( a1 ) Hendricq (tome 2, page 4oo), nous apprend que ce tombeau était de son temps placé entre les courtines dit grand autel. Par ce mot courtines, il aura voulu évidemment désigner chaque espace vide qui sépare les
piliers du choeur, et que l'on fermait aux jours de fêtes, à l'aide de tapisseries et autres tentures. C'est de ce nom, en effet, que l'on appelait jadis les voiles et tentures de choeurs, de même que les rideaux
de lit.
( a2 ) Quoique ce tombeau n'ait été démoli que depuis à peine 36 ans, les souvenirs néanmoins ne s'accordent pas sur son dernier emplacement. Quelques-uns le désignent en h, c'est-à-dire entre les deux
piliers le plus proches des caroles mais la plupart le reportent en b et c'est là que nous avons cru devoir aussi le fixer.
( a3 ) Le rétablissement de ce tombeau fut opéré aux frais de la famille, et par les soins de M. L'Abbé de Givenchy. Sa restauration toutefois, bien qu'elle ait été aussi complète que possible, a laissé quelque
chose à désirer du côté de l'exactitude et de l'emplacement. Ainsi, il est à regretter, selon nous que ce monument n'ait point été rétabli dans un lieu plus ouvert et dans ses formes primitives et qu'en superposant à la face principale
l'inscription, qui en décorait jadis le côté opposé, on ait exhaussé par suite le tombeau de toute la hauteur de cette même inscription. On conçoit facilement que ce changement a en
pour motif l'adossement du monument nu mur de la chapelle, et l'impossibilité dès-lors où l'on se fut trouvé, de lire cette inscription. C'est pourquoi nous regrettons de nouveau qu'un ne l'ait point replacé
dans un autre local, ou de manière à pouvoir le montrer sur toutes ses faces on eut évité par là l'inconvénient signalé, et ce surexhaussement des ligures qui ne permet guère de les distinguer.
Eustache de Croy, chanoine à 15 ans, il est nommé prévôt des chanoines par Charles Quint et évêque d'Arras à 20 ans. Il décéde à 33 ans en 1558.
Voila la description qu'en fait Emmanuel WALLET ( professeur de dessin à l'ecole d'artillerie et à l'école de peinture de la ville de Douai, ancien officier du génie militaire, membre de la Société des
antiquaires de la Morinie ) dans son ouvrage daté de 1839 "Description de l'ancienne Cathédrale de Saint-Omer"
Tombeau d'Eustache de Croy ( a1 ). Ce fut là son emplacement depuis 1753 jusqu'au rétablissement du culte ( a2 ). A cette dernière époque, il fut démoli par les roarguilliers mêmes de la paroisse, qui, le retrouvant tout mutilé par la révolution, et par elle dépouillé de ses armoiries ainsi que d'une partie de ses statues, dont l'une entr'autres était allée figurer, en place publique, la déesse de la liberté, désespérèrent de sa restauration, et en firent détacher les débris. Ceux-ci, dispersés en plusieurs endroits de l'église, étaient là gisait encore, lorsqu'en 1836 ils furent recueillis, et le monument rétabli dans l'une des chapelles closes de la nef, lettre T ( a3 ).
L'abbé Augustin Dusautoir dans son ouvrage de 1903 intitulé "Guide pratique du visiteur" nous apporte les précisions suivantes :
Tombeau d'Eustache de Croy
Admirez dans la travée de la grande nef, le splendide mausolée élevé à la mémoire d'Eustache de Croy, prévôt de la collégiale d'Aire et de celle de Saint-Omer en 1521, ÉVÊQUE D'ARRAS en 1526 et mort en 1530.
Il est l'œuvre de JACQUES DUBRŒUCQ qui a signé sur la plinthe du prie-Dieu. Ce tombeau, d'abord placé dans la troisième travée gauche du chœur, fut transporté en 1753 dans la chapelle des Trépassés, puis dans la chapelle actuelle de Saint Erkembode.
Restauré, il a enfin été installé ici à la fin du XIX ème siècle.
Sur un long soubassement de marbre noir s'élève un sarcophage de même matière, portant le corps de l'évêque couché sur une natte et la tête appuyée sur un coussin. Derrière cette représentation on voit le même évêque mitré, agenouillé et priant.
Le chaperon de sa chape reproduit l'Annonciation de la Sainte Vierge sur le devant de la chape on distingue les figures de Saint Pierre et de Saint Paul. Autrefois on voyait derrière cet évêque, la statue de Saint EUSTACHE, son Patron,
avec ses attributs figurés par un loup tenant un jeune enfant dans sa gueule. Sur l'autre piédestal et en face, on remarquait une STATUE DE LA FOI foulant aux pieds l'Hérésie dont les yeux étaient voilés d'un bandeau et les mains armées
d'une torche et d'une épée.
La statue de la FOI, parut si remarquable aux farouches Jacobins de 1793, qu'ils l'enlevèrent pour la transformer en une statue de la déesse Raison, puis de la Liberté, qui figura sur la grand'place jusqu'en 1799.
L'inscription du sarcophage autrefois orné de deux anges pleureurs appuyés sur des flambeaux renversés, rappelle que c'est Lamberte de Brimeux, comtesse de Rœulx et la mère d'Eustache de Croy, qui fit élever ce mausolée à la mémoire de son fils.
Quant à la longue inscription du soubassement, elle n'est autre que le résumé des fondations faites par la mère d'Eustache de Croy, dans l'église de Saint-Omer.
Rappel concernant l'Oeuvre initiale : Sur un long soubassement de marbre noir s'élèvait un sarcophage de
même matière portant le corps nu de l'évêque , couché sur une natte et
la tête appuyée sur un coussin , le tout de marbre blanc. Derrière cette
représentation il y avait une statue de l'évêque agenouillé , priant , mitré , qu'accompagnait son saint patron Eustache , avec ses attributs , le loup
et l'enfant ( disparu à la Révolution ). A cette époque les génies pleureurs ornaient le sarcophage , ainsi qu'une statue
de la Foi , debout , foulant aux pieds l'Hérésie , qui , flanquait
l'autre côté du monument , ( servit un instant à décorer l'autel de la
Raison ). Tous ces personnages étaient en marbre blanc.
De nos jours :
La représentation agenouillée porte à sa base cette signature de l'artiste : JACOBVS DV BROEV CQ FACIEBAT ( Jacques Dubroeucq a fait ).
Des deux côtés du cénotaphe en Marbre noir : on peut lire , en lettres d'or gravées sur 0.77 ml x 0.22 ml :
Citation
. DOM • ET R IN ·• C P • AC · ILL · DNO D • - • EPO - PIAE ATTREBAT MATRIS I FILIV OFFICIOSVS · HVIVS Z ARIE • SS · AED • EVSTATHIO DE CROY PPOSITO
DOLOR MONV • POS . - OBIIT V NO OCTOB AN • • M • D • XXXVIII · AETA · S • XXXIII
Citation redressée
DEO OPTIMO MAXIMO ET REVERENDO IN CHRISTO PATRI AC ILLUSTRISSIMO DOMINO D EUSTACHIO DE CROY ATREBATENSI EPISCOPO, HUJUS ET ARIENSIS SANCTORUM AEDIUM PRAEPODITO, PIAE MATRIS IN FILIUM OFFICIOSUS DOLOR MONUMENTUM POSUIT OBBITV NONAS OCTOBRIS, ANNO MDXXXVIII AETATIS SUAE XXXIII
Traduction
A Dieu très bon, très grand et en vénération du Christ et du Père, aussi au noble maitre D.Eustache de Croy, évêque d'Arras, prévôt des édifices consacrés d'ici et d'Aire-sur-la-lys, c'est le chagrin de sa pieuse mère, pour ce fils aimé, qui a érigé ce tombeau il est décédé le 5 ème jour avant les nones(*) d'Octobre, l'an 1538, âgé de trent-trois ans. (*) soit le 3 Octobre.
