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Depuis des décennies les Byzantins s'éloignent de Rome : ils sont excédés par les liens entre Rome et l'empire ottonien. Surtout que les menées du pape et des empereurs en Italie du Sud ont tout pour faire de Byzance un adversaire.
En 1054 , le schisme des civilisations et des cultures est depuis longtemps consommé , mais c'est cette année-là que la rupture devient officielle.
Depuis le patriarcat de Michel Cérulaire , les relations entre Rome et Constantinople sont très tendues : les couvents et églises des Latins à Constantinople sont fermés.
Si l'affirmation de la papauté comme étant à la tête de l'Église universelle est le fondement du schisme , c'est une controverse sur l'Eucharistie qui le déclenche.
Les Latins utilisent un pain sans levain et les Grecs du pain ordinaire. Léon IX fait réfuter les traités grecs traitant du problème. Humbert de Moyenmoutier dans son Dialogus écarte les assertions des Grecs ,
condamne le mariage des prêtres en usage en Orient et accuse les Byzantins d'hérésie car ils n'admettent pas le Filioque et les menaces d'excommunication.
Le pape envoie les légats Humbert de Moyenmoutier et Pierre d'Amalfi à Constantinople pour y explorer la possibilité d'une réconciliation avec l'Église du lieu. Mais malgré les efforts de l'empereur Constantin IX ,
les légats excommunient le patriarche et ses partisans le 16 juillet 1054. Cérulaire contre-attaque par une excommunication générale des Latins , ouvrant ainsi le schisme entre l'Occident et l'Orient.
En fait , les légats ne savent pas lorsqu'ils excommunient le patriarche que leur mandat n'est plus valable du fait de la mort du pape survenue le 19 avril 1054.
No |
Nom |
Pontificat |
Naissance |
Notes |
140 |
Jean XVII
| 1003 |
Rome |
Jean XVII , né sous le nom de Siccone Sicconi à Rome , fut le 140e pape de l'Église catholique romaine du 16 mai au 6 novembre 10031 (lieu de sépulture inconnu) , succédant ainsi au pape Sylvestre II.
Avant d'entrer dans les ordres , puis d'être porté à la tête de l'Église par Jean Crescentius qui dirigeait Rome en opposition à l'empereur Otton III , Siccone Sicconi fut marié et les trois fils qu'il eut devinrent évêques.
Le précédent pape légitime portant le nom de Jean est le pape Jean XV , Jean XVI étant considéré comme un antipape.
Le numéro de règne aurait donc dû être réutilisé , mais ne le fut pas. Cette confusion a fait que certains catalogues papaux font intervenir un pape fictif sous le nom de Jean XV et que le Jean XV historique se voit attribuer le numéro de règne XVI.
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141 |
Jean XVIII
| 1003/1009 |
Rome |
Né Jean Fasano (ou Fasanius ou Phasanius) , Jean XVIII fut consacré pape le jour de Noël en 1003 , charge dont il démissionna en juin 1009.
Il était le fils d'un prêtre romain nommé Leo et portait le nom , avant son accession au trône pontifical , de Phasanius.
Comme ses prédécesseurs Jean XVI (antipape) et Jean XVII , il dut son élection à l'influence de la famille Crescentius.
Les principales réalisations de son pontificat consistèrent à régler des détails de l'administration ecclésiastique.
Il confirma ainsi les possessions et privilèges de plusieurs églises et couvents autorisa différents dons à des institutions religieuses conféra des privilèges ecclésiastiques au siège épiscopal de Merseburg venant d'être restauré
donna son accord lors du synode romain de juin 1007 à la création de l'évêché de Bamberg , créé et doté par le roi allemand Henri II et conféra le pallium aux archevêques Meingaudus de Trèves et Elphege de Canterbury.
Jean XVIII s'opposa avec force aux prétentions de l'archevêque Letericus de Sens et de l'évêque Fulco d'Orléans, qui refusaient d'autoriser l'abbé de Fleury , Goslin , d'user des privilèges que lui avait alloués Rome ,
et essayèrent de lui faire bruler les chartes papales. Le Pape s'en plaignit auprès de l'Empereur, et convoqua les deux prélats devant son tribunal sous la menace de censures ecclésiastiques pour tout le royaume de France.
Il fut reconnu à Constantinople comme évêque de Rome.
Son épitaphe - sa sépulture se situant dans l'ancienne basilique Saint-Pierre de Rome - indique qu'il soumit les Grecs et surmonta un schisme. Son nom apparaît sur les diptyques de l'Église byzantine.
Il mourut au monastère Saint Paul près de Rome , où il s'était retiré en qualité de moine.
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142 |
Serge IV
| 1009/1012 |
Rome |
Serge IV , (en latin : Sergius IV) , Pietro Martino Buccaporci , Boccapecora ou Boccadiporco , est peut-être né à Rome , ou d'origine provençale.
Il est pape du 31 juillet 1009 au 12 mai 1012. Sûrement en raison d'une malformation au visage , il était affligé du surnom Os porci , ce qui signifie groin ou museau de porc.
Il était évêque d'Albano depuis cinq ans lorsqu'il fut nommé pape par Jean II Crescentius , maître de Rome. Il changea son nom par respect pour Saint-Pierre. Instruit et vertueux il se montrait charitable envers les pauvres.
Au cours de son pontificat , il fut en contact avec l'empereur Henri II d'Allemagne ratifia les privilèges accordés par le pape Jean XVIII à la cathédrale de Bamberg et s'efforça d'unir les puissances italiennes contre les Sarrasins établis en Sicile.
À sa mort , il fut inhumé dans la basilique Saint-Jean de Latran , située à Rome , après un pontificat qui dura deux ans , neuf mois et demi.
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143 |
Benoît VIII
| 1012/1024 |
Tusculum |
Benoît VIII (Teofilatto) , né en Italie dans la région de Latium , pape du 18 mai 1012 au 9 avril 1024. Il est de la famille des comtes de Tusculum.
Il eut pour concurrent un certain Grégoire , qui le força à sortir de Rome mais il fut réintégré par l'empereur Henri II du Saint-Empire.
Les Sarrasins étant venus en 1016 envahir ses États , il se mit lui-même à la tête des troupes et extermina l'ennemi.
Il rendit des ordonnances contre le célibat des prêtres. Il fut inhumé dans l'ancienne basilique Saint-Pierre , après un pontificat de 11 ans , 10 mois et 3 semaines.
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ANT |
Grégoire VI
| 1013 |
? |
En 1045 , le trône pontifical était occupé par un jeune débauché , Benoît IX sa famille , les influents Tusculani , l'y avait placé à la suite d'une élection simoniaque quoiqu'il n'eût pas la moindre vocation.
Comme l'idée lui était venue de se marier , il demanda conseil à son parrain Jean Gratien , archiprêtre de Saint Jean Porte latine , dont la droiture était connue , s'il lui était permis d'abdiquer.
Quand on lui eut expliqué qu'il en avait le droit , il offrit à son parrain de lui céder sa place contre une grosse indemnité (peut-être mille ou deux mille livres d'argent).
Un peu naïvement Jean Gratien accepta , convaincu qu'il valait mieux ne pas laisser un pape aussi indigne sur le trône de saint Pierre et il lui succéda sous le nom de Grégoire VI.
Les réformateurs l'accueillirent avec joie et il eut même le soutien de saint Pierre Damien , si strictement légaliste pourtant.
L'affaire n'était pas finie : un autre candidat était en lice , Jean , évêque de Sabina , proclamé pape sous le nom de Sylvestre III.
Il s'était jadis opposé à Benoît IX , s'était fait élire lui aussi par une élection simoniaque et , bien que finalement vaincu , n'avait pas renoncé à ses prétentions.
Pour compliquer encore davantage la situation , comme Benoît IX , le pape démissionnaire , n'avait pas réussi à obtenir la dame qu'il convoitait , il revint sur son abdication , ce qui faisait désormais trois papes se disputant le siège.
Dans ces conditions , avec un trésor vide et un clergé corrompu , c'était une tâche surhumaine pour Grégoire de mener à bien son désir de réforme , et il ignorait qu'elle devait par la suite être reprise par son secrétaire Hildebrand qui deviendrait
le fameux Grégoire VII. Finalement une partie du clergé abandonna alors les trois papes et demanda l'arbitrage du roi de Germanie Henri III qui vint en Italie à l'automne 1046.
À la demande du roi , qui semblait le reconnaître , Grégoire VI convoqua un synode qui s'ouvrit à Sutri le 20 décembre.
Il condamna Sylvestre III comme usurpateur , le déclara déchu de ses dignités épiscopale et sacerdotale , et l'enferma dans un couvent pour le reste de ses jours.
Avec Benoît IX , on fit encore moins de façon : il avait abdiqué et ne possédait donc plus aucun droit.
Mais on se retourna ensuite contre Grégoire VI en lui rappelant qu'il avait acheté son trône et n'était donc pas moins simoniaque que les autres , si bien qu'il fut obligé de démissionner , laissant la place à un Allemand , Clément II , l'évêque de Bamberg.
Il suivit ensuite Henri III en Allemagne où il mourut bientôt à Cologne.
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144 |
Jean XIX
| 1024/1032 |
Tusculum |
Après la mort du dernier « Patricien » de la Maison des Crescentius , les comtes de Tusculum s'emparèrent du pouvoir à Rome et un de leurs descendants fut élevé sur le trône pontifical sous le nom de Benoît VIII , alors que son frère , Romanus ,
exerçait le pouvoir temporel dans la ville en tant que Consul et sénateur. Après la mort de Benoît , Romanus , bien que laïc , fut élu pape entre le 12 avril et le 10 mai 1024.
Il entra immédiatement dans les ordres , prit le nom de Jean et tenta de rallier les Romains à sa cause en engageant des dépenses somptuaires. Peu après son accession au trône , l'empereur de Byzance , Basile II , envoya une ambassade
à Rome pour réclamer en son nom la reconnaissance par le Pape du titre de Patriarche œcuménique porté par les Patriarches de Byzance , qui indiquait la prééminence de ces derniers sur les Églises d'Orient.
Les riches présents apportés par les émissaires étaient destinés à infléchir le Pape , et ce dernier ne semblait pas opposé à accéder aux souhaits byzantins. Bien que les négociations étaient tenues secrètes , l'affaire devint publique et poussa
les cercles de penseurs religieux , et tout particulièrement ceux prônant une réforme ecclésiastique en France et en Italie , à agir.
L'opinion publique contraint le Pape à refuser les requêtes et présents des Byzantins , ce qui poussa le Patriarche Eustachius de Constantinople à effacer le nom du Pape des diptyques de ses églises.
Jean invita le célèbre musicien Guido d'Arezzo à visiter Rome et à expliquer la notation musicale qu'il avait inventée.
Il couronna aussi empereur le 26 mars 1027 à Rome Conrad le Salique , élu roi d'Allemagne après la mort d'Henri II le 1er juillet 1024 , qu'il avait invité , avec l'archevêque de Milan Heribert , à se rendre en Italie et qui avait reçu en 1026
la couronne de fer de Lombardie après avoir traversé les Alpes , accompagné de deux rois , Rodolphe des Burgondes et Canut du Danemark et d'Angleterre.
Le 6 avril de la même année , un grand synode se tint dans la basilique du Latran , où la discorde entre les patriarches d'Aquilée et de Grado fut tranchée , sous l'influence de l'Empereur , en faveur du premier.
Poppo d'Aquilée fut ainsi l'unique patriarche , l'évêque étant sous sa juridiction. De plus , le Patriarcat d'Aquilée pris la primauté sur tous les évêques italiens.
Deux ans après (1029) , Jean XIX révoqua cette décision , et lors d'un nouveau synode restaura le Patriarche de Grado dans ses anciens privilèges.
Le roi Canut du Danemark et d'Angleterre obtint du Pape la promesse que ses sujets danois et anglais ne soient pas soumis aux taxes douanières lors de leur route vers l'Italie et Rome , et que les archevêques de son royaume ne soient
pas aussi lourdement taxés pour l'octroi du pallium. Jean octroya à l'évêque de Silva Candida (près de Rome) le privilège spécial de dire la messe à Saint-Pierre de Rome certains jours.
Un antagonisme sur la prééminence entre les archevêques de Milan et de Ravenne fut réglé par le Pape en faveur du premier.
Il prit l'abbaye de Cluny sous sa protection , et renouvela ses privilèges malgré l'opposition de Goslin , évêque de Mâcon , et dans le même temps il réprimanda l'abbé Odilon de Cluny pour voir refusé l'épiscopat de Lyon.
Il éleva la fête de saint Martial , disciple réputé des Apôtres et fondateur de l'Église de Limoges , au rang d'une fête d'apôtre. Le Pape maintint , pour certains évêques français , les droits du Saint Siège.
Jean XIX semble avoir été le premier pape à produire une indulgence en échange de l'octroi d'aumônes.
Il mourut à la fin de 1032 , probablement le 6 novembre. Sa dépouille est inhumée dans l'ancienne basilique Saint-Pierre.
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145 |
Benoît IX
| 1032/1044 |
Tusculum |
Benoît IX (Théophylacte de Tusculum), né dans le Latium vers 1012, mort à Grottaferrata entre le 18 septembre 1055 et le 9 janvier 1056, fut pape à trois reprises :
du 21 octobre 1032 à septembre 1044 , du 10 mars 1045 au 1er mai 1045 et du 8 novembre 1047 au 16 juillet 1048 , pour une durée totale de douze ans.
Premier pontificat
Issu de la puissante famille des Tusculani , il est le fils d'Albéric III , l'influent comte de Tusculum , et le neveu des papes Benoît VIII et Jean XIX , lesquels étaient frères.
À la mort de ce dernier , Albéric fait élire son fils pape. Laïc , Théophylacte est également très jeune. Selon Raoul Glaber (Histoires , IV , 5) , il aurait douze ans à sa montée sur le trône pontifical.
L'affirmation est acceptée par Mgr Duchesne mais est mise en doute par la plupart des historiens contemporains : les mœurs dont l'accusent les chroniqueurs ultérieurs supposent qu'il a au moins atteint la puberté.
Quoi qu'il en soit , Benoît IX est certainement l'un des plus jeunes papes de l'histoire avec son lointain parent Jean XII , pape à 16 ans. Il est couronné dès le lendemain de son élection.
Benoît continue la politique d'apaisement ébauchée par son prédécesseur vis-à-vis de la noblesse : son père se retire partiellement de la vie politique , peu à peu remplacé par son frère , Grégoire II.
Les contacts avec l'Empereur ne commencent pas avant la décision de Conrad II le Salique , en 1037 , de déposer Aribert , archevêque de Milan. Contrairement aux espoirs impériaux , Benoît n'approuve pas immédiatement cette décision , mais
attend l'année suivante pour excommunier Aribert , comme demandé. Il fait également preuve de son indépendance en cassant en 1044 la décision imposée par Conrad II à Jean XIX au sujet du patriarcat d'Aquilée.
En matière ecclésiastique , Benoît IX soutient les ordres monastiques contre les ordinaires. Sur l'initiative de Pierre Damien, il dépose deux évêques considérés comme simoniaques. Il canonise Siméon de Syracuse , mort en ermite à Trèves.
En septembre 1044 , une émeute contre le clan Tusculanum, menée par les Stephani — une branche des puissants Crescentii, rivaux des Tusculani — le force à fuir Rome.
Poussés par les Stephani , les Romains élisent Jean , évêque de Sabina en janvier 1045 au terme d'une lutte féroce. Il est intronisé le 13 ou 20 janvier 1045 sous le nom de Sylvestre III. Benoît IX réagit par une excommunication immédiate.
Deuxième pontificat
Trois mois plus tard , Benoît IX parvient à prendre Rome et retrouve le trône pontifical le 10 mars. Il devient alors un simple pion dans l'échiquier politique romain , où s'affrontent les grands clans familiaux.
Le 1er mai 1045 , il se démet en faveur de son oncle , Jean Gratien , qui est élu sous le nom de Grégoire VI.
Les raisons de cette démission restent obscures : Benoît IX aurait été pris de remords après avoir été poussé à la papauté par sa famille , ou aurait voulu épouser l'une de ses cousines.
De larges sommes sont également échangées à cette occasion pour dédommager le clan Tusculum. Benoît IX se retire sur ses terres familiales et ne paraît plus en public.
Troisième pontificat
En 1046, l'empereur germanique Henri III, appelé à mettre fin à l'anarchie, se rend en Italie. Grégoire VI convoque le concile de Sutri. Sylvestre III est condamné mais Grégoire VI ne peut pas nier qu'il a acquis sa tiare par simonie : il se voit contraint d'abdiquer.
Sous la pression d'Henri III, le concile élit pape, en décembre 1046, Suidger, évêque de Bamberg, qui prend le nom de Clément II. Ce dernier meurt moins d'un an plus tard, le 9 octobre 1047. Les Tusculani profitent de l'occasion pour réinstaurer Benoît IX sur le trône de Pierre.
Il accède ainsi une troisième fois au siège pontifical, du 8 novembre 1047 au 17 juillet 1048. Un parti romain proteste auprès de l'Empereur, qui se prononce contre Benoît IX et fait élire à la fin de 1047 le Bavarois Poppo de Brixen, qui prend le nom de Damase II. Ce dernier ne sera pape que 23 jours : il meurt à Palestrina de la malaria.
Cependant, Benoît IX a pris la fuite après qu'Henri III a envoyé à Rome le marquis Boniface de Canossa. Celui-ci fait alors élire le Lorrain Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg qui prend le nom de Léon IX. Avec l'aide de l'Empereur, le nouveau pape combat les Tusculani et ravage leurs fiefs. Refusant de répondre aux accusations de simonie pesant contre lui, Benoît IX est excommunié, de même que ses proches.
À la mort de Léon IX, en avril 1054, Benoît IX tente une nouvelle fois de monter sur le trône pontifical, en vain. Après cet ultime échec, il se retire dans le monastère de Grottaferrata, qui appartient à la sphère d'influence des Tusculani. Il y meurt entre le 18 septembre 1055 et le 9 janvier 1056, et est inhumé dans l'église abbatiale.
Jugements sur Benoît IX
La réputation de ce pontife fut une des pires de celles que nous ont transmises les chroniqueurs contemporains. Saint Pierre Damien (1007-1072) , par exemple, l’a décrit dans le Liber Gomorrhianus , comme « … pataugeant dans l'immoralité ,
un diable venu de l'Enfer déguisé en prêtre » ou comme
« … un apôtre de l'Antéchrist , éclair envoyé par Satan, fouet d'Assur , fils de Bélial, puanteur du monde, honte de l'humanité ». Saint Bonizóne , évêque de Sutri, dit qu'il avait l’habitude de commettre des « lâches adultères et des homicides ».
Dans le troisième livre de ses dialogues , le pape Victor III (1086-1087) écrit que Benoit « … se consacrait au plaisir et était beaucoup plus enclin à vivre comme épicurien que comme un pontife » , et il le peignait comme un des pires pontifes qui
aient jamais existé. La critique moderne ne peut pas s’écarter beaucoup de cette image. La Catholic Encyclopedia le décrit par exemple comme « … un malheur pour la chaire de saint Pierre » , et Ferdinand Gregorovius écrit que c’est avec Benoît IX
que la papauté toucha le fond de la décadence morale « … il menait tranquillement au Latran la vie d’un sultan oriental ».
En ce qui concerne son aspect physique , Raffaello Giovagnoli le déduit, dans son roman Benoît IX , de gravures dues à Bartolomeo Platina : « … le visage oblong , la peau de la plus grande blancheur , des pupilles turquoises , des cheveux blonds ,
bouclés et un peu dégarnis, souffrant d’un léger strabisme et avec un nez aquilin , bien rasé. Il revêt de préférence une tunique de soie blanche , toute travaillée avec des ornements d'or et serrée à la taille au moyen d'une large ceinture de cuir
constellée de pierres précieuses […] , un caleçon étroit de soie de Reims très fin et de couleur bleu clair […] , un petit bonnet de soie fort gracieux , d’une couleur bleue rappelant celle de son caleçon et sur lequel s’agitait une plume blanche ».
Si des sources postérieures dépeignent Benoît IX comme un homme de mœurs dissolues , selon Luc , septième abbé de Grottaferrata , il aurait fait pénitence sur la fin de ses jours et se serait fait moine.
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146 |
Sylvestre III
| 1045 |
Rome |
Sylvestre III (Jean de Crescenzi Ottaviani) , né à Rome vers l'an 1000.
Évêque de Sabine , il fut élu pape lorsque Benoît IX fut chassé par les Stephani et n'assura son pontificat que du 13 ou 20 janvier au 10 mars 1045.
Il excommunia Benoît IX qui excommunie Sylvestre III. Par son très court pontificat de sept semaines , il est titulaire du quatorzième plus court pontificat de toute l'histoire de la papauté.
Cette courte durée est due à son abdication , qu'il prit à cause de la contestation régnant lors de son élection. Il est mort vers 1047.
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147 |
Benoît IX (2)
| 1045 |
Tusculum |
Deuxième pontificat
Trois mois plus tard , Benoît IX parvient à prendre Rome et retrouve le trône pontifical le 10 mars. Il devient alors un simple pion dans l'échiquier politique romain , où s'affrontent les grands clans familiaux.
Le 1er mai 1045 , il se démet en faveur de son oncle , Jean Gratien , qui est élu sous le nom de Grégoire VI.
Les raisons de cette démission restent obscures : Benoît IX aurait été pris de remords après avoir été poussé à la papauté par sa famille , ou aurait voulu épouser l'une de ses cousines.
De larges sommes sont également échangées à cette occasion pour dédommager le clan Tusculum. Benoît IX se retire sur ses terres familiales et ne paraît plus en public.
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148 |
Grégoire VI
| 1045/1046 |
Tusculum |
Grégoire VI (? - Cologne ? , début 1048) né sous le nom de Jean Gratien , fut élu pape le 1er mai 1045 et abdiqua à Sutri le 20 décembre , 1046.
En 1045 , le trône pontifical était occupé par un jeune débauché , Benoît IX sa famille , les influents Tusculani , l'y avait placé à la suite d'une élection simoniaque quoiqu'il n'eût pas la moindre vocation.
Comme l'idée lui était venue de se marier , il demanda conseil à son parrain Jean Gratien , archiprêtre de Saint Jean Porte latine , dont la droiture était connue , s'il lui était permis d'abdiquer.
Quand on lui eut expliqué qu'il en avait le droit , il offrit à son parrain de lui céder sa place contre une grosse indemnité (peut-être mille ou deux mille livres d'argent).
Un peu naïvement Jean Gratien accepta , convaincu qu'il valait mieux ne pas laisser un pape aussi indigne sur le trône de saint Pierre et il lui succéda sous le nom de Grégoire VI.
Les réformateurs l'accueillirent avec joie et il eut même le soutien de saint Pierre Damien , si strictement légaliste pourtant.
L'affaire n'était pas finie : un autre candidat était en lice , Jean , évêque de Sabina , proclamé pape sous le nom de Sylvestre III.
Il s'était jadis opposé à Benoît IX , s'était fait élire lui aussi par une élection simoniaque et , bien que finalement vaincu , n'avait pas renoncé à ses prétentions.
Pour compliquer encore davantage la situation , comme Benoît IX , le pape démissionnaire , n'avait pas réussi à obtenir la fille qu'il convoitait , il revint sur son abdication , ce qui faisait désormais trois papes se disputant le siège.
Dans ces conditions , avec un trésor vide et un clergé corrompu , c'était une tâche surhumaine pour Grégoire de mener à bien son désir de réforme, et il ignorait qu'elle devait par la suite être reprise par son
secrétaire Hildebrand qui deviendrait le fameux Grégoire VII. Finalement une partie du clergé abandonna alors les trois papes et demanda l'arbitrage du roi de Germanie Henri III qui vint en Italie à l'automne 1046.
À la demande du roi , qui semblait le reconnaître , Grégoire VI convoqua un synode qui s'ouvrit à Sutri le 20 décembre.
Il condamna Sylvestre III comme usurpateur , le déclara déchu de ses dignités épiscopale et sacerdotale , et l'enferma dans un couvent pour le reste de ses jours.
Avec Benoît IX , on fit encore moins de façon : il avait abdiqué et ne possédait donc plus aucun droit. Mais on se retourna ensuite contre Grégoire VI en lui rappelant qu'il avait acheté son trône et n'était donc pas moins simoniaque que les autres ,
si bien qu'il fut obligé de démissionner , laissant la place à un Allemand , Clément II , l'évêque de Bamberg. Il suivit ensuite Henri III en Allemagne où il mourut bientôt , probablement à Cologne.
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149 |
Clément II
| 1046/1047 |
Saxe |
Clément II (Suidger de Morsleben et Hornburg), pape saxon durant 9 mois et demi, entre le 24 décembre 1046 et le 9 octobre 1047.
Il est élu au cours du synode réuni par Henri III à Sutri et qui avait invalidé l'élection de Grégoire VI. Clément II prend des mesures pour lutter contre la simonie et la corruption dont ses prédécesseurs Benoît IX et Sylvestre III avaient été accusés.
Le jour de son sacre , il couronne Henri le Noir , puis le suit dans le Bénévent , et en excommunie les habitants qui avaient refusé d'accueillir l'empereur. Il canonise la première femme Wiborada en 1047.
Il abdique quelque temps avant sa mort à Pesaro en 1048. Son inhumation se fera à Bamberg , endroit où il avait été placé par le roi de Saxe , Henri III , puis consacré évêque.
Enquête sur les circonstances de sa mort
En 1942 la tombe fut rouverte , c'était au moins la troisième fois , on en retira les vêtements du pape qui furent restaurés et remis au trésor de la cathédrale.
Depuis l'ouverture du musée diocésain de Bamberg ces vêtements figurent parmi les pièces les plus précieuses de cette collection.
Comme la tradition voulait que le pape eût été victime d'une tentative d'assassinat par empoisonnement , à l'incitation peut-être de Benoit IX qui voulait reprendre la chaire de saint Pierre , ses ossements furent soumis à un examen toxicologique.
Les résultats confirmèrent l'empoisonnement , car on constata une concentration anormalement élevée de plomb dans les os.
Cependant , les résultats correspondaient à une lente accumulation de plomb dans les os et non à un empoisonnement aigu par des sels de plomb.
On suspecte plus volontiers l'acétate de plomb mais il est impossible de savoir s'il s'agit d'un empoisonnement intentionnel –
Le sucre de plomb était au Moyen Age une substance très utilisée pour adoucir le vin. Après la mort de Clément II , Benoît IX usurpa une troisième fois le trône de saint Pierre et redevint pape.
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150 |
Benoît IX (3)
| 1047/1048 |
Tusculum |
Troisième pontificat
En 1046, l'empereur germanique Henri III, appelé à mettre fin à l'anarchie, se rend en Italie. Grégoire VI convoque le concile de Sutri. Sylvestre III est condamné mais Grégoire VI ne peut pas nier qu'il a acquis sa tiare par simonie : il se voit contraint d'abdiquer.
Sous la pression d'Henri III, le concile élit pape, en décembre 1046, Suidger, évêque de Bamberg, qui prend le nom de Clément II. Ce dernier meurt moins d'un an plus tard, le 9 octobre 1047. Les Tusculani profitent de l'occasion pour réinstaurer Benoît IX sur le trône de Pierre.
Il accède ainsi une troisième fois au siège pontifical, du 8 novembre 1047 au 17 juillet 1048. Un parti romain proteste auprès de l'Empereur, qui se prononce contre Benoît IX et fait élire à la fin de 1047 le Bavarois Poppo de Brixen, qui prend le nom de Damase II. Ce dernier ne sera pape que 23 jours : il meurt à Palestrina de la malaria.
Cependant, Benoît IX a pris la fuite après qu'Henri III a envoyé à Rome le marquis Boniface de Canossa. Celui-ci fait alors élire le Lorrain Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg qui prend le nom de Léon IX. Avec l'aide de l'Empereur, le nouveau pape combat les Tusculani et ravage leurs fiefs. Refusant de répondre aux accusations de simonie pesant contre lui, Benoît IX est excommunié, de même que ses proches.
À la mort de Léon IX, en avril 1054, Benoît IX tente une nouvelle fois de monter sur le trône pontifical, en vain. Après cet ultime échec, il se retire dans le monastère de Grottaferrata, qui appartient à la sphère d'influence des Tusculani. Il y meurt entre le 18 septembre 1055 et le 9 janvier 1056, et est inhumé dans l'église abbatiale.
Jugements sur Benoît IX
La réputation de ce pontife fut une des pires de celles que nous ont transmises les chroniqueurs contemporains. Saint Pierre Damien (1007-1072) , par exemple, l’a décrit dans le Liber Gomorrhianus , comme « … pataugeant dans l'immoralité ,
un diable venu de l'Enfer déguisé en prêtre » ou comme
« … un apôtre de l'Antéchrist , éclair envoyé par Satan, fouet d'Assur , fils de Bélial, puanteur du monde, honte de l'humanité ». Saint Bonizóne , évêque de Sutri, dit qu'il avait l’habitude de commettre des « lâches adultères et des homicides ».
Dans le troisième livre de ses dialogues , le pape Victor III (1086-1087) écrit que Benoit « … se consacrait au plaisir et était beaucoup plus enclin à vivre comme épicurien que comme un pontife » , et il le peignait comme un des pires pontifes qui
aient jamais existé. La critique moderne ne peut pas s’écarter beaucoup de cette image. La Catholic Encyclopedia le décrit par exemple comme « … un malheur pour la chaire de saint Pierre » , et Ferdinand Gregorovius écrit que c’est avec Benoît IX
que la papauté toucha le fond de la décadence morale « … il menait tranquillement au Latran la vie d’un sultan oriental ».
En ce qui concerne son aspect physique , Raffaello Giovagnoli le déduit, dans son roman Benoît IX , de gravures dues à Bartolomeo Platina : « … le visage oblong , la peau de la plus grande blancheur , des pupilles turquoises , des cheveux blonds ,
bouclés et un peu dégarnis, souffrant d’un léger strabisme et avec un nez aquilin , bien rasé. Il revêt de préférence une tunique de soie blanche , toute travaillée avec des ornements d'or et serrée à la taille au moyen d'une large ceinture de cuir
constellée de pierres précieuses […] , un caleçon étroit de soie de Reims très fin et de couleur bleu clair […] , un petit bonnet de soie fort gracieux , d’une couleur bleue rappelant celle de son caleçon et sur lequel s’agitait une plume blanche ».
Si des sources postérieures dépeignent Benoît IX comme un homme de mœurs dissolues , selon Luc , septième abbé de Grottaferrata , il aurait fait pénitence sur la fin de ses jours et se serait fait moine.
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151 |
Damase II
| 1048 |
Bavière |
Damase II ou Poppon de Brixen, né à Pildenau en Bavière , pape pendant 24 jours , soit le septième plus court pontificat , du 17 juillet au 9 août 1048. Il meurt à Palestrina , de la malaria.
Il fut nommé Pape par l'empereur Henri III du Saint-Empire , sans avoir été élu. Ses restes reposent à la basilique Saint-Laurent-hors-les-Murs.
Il fut le deuxième des pontifes allemands désignés par l'empereur Henri III. Il fut le troisième Allemand à devenir pape et fut un des papes qui régna le moins longtemps. Il était évêque de Brixen lorsque l'empereur le nomma.
En intervenant contre le pape Grégoire VI et en installant à sa place Clément II , Henri III avait manifesté sa puissance impériale contre les Romains.
Il n’est donc pas étonnant que le jour de Noël 1047 , ceux-ci lui aient envoyé un émissaire pour lui apprendre la mort de Clément II et lui demander , en sa qualité de patrice des Romains , de lui donner un successeur.
Henri III se trouvait engagé dans une campagne indécise en Frise , et c’est dans son palais de Pöhlde en Saxe que les délégués le trouvèrent.
Conformément à leurs instructions , ils suggérèrent comme candidat approprié Halinard , archevêque de Lyon , qui parlait couramment l'italien , et était fort respecté à Rome.
Henri ne voulait pas précipiter les choses , et il demanda à Wazon de Liège , l'évêque le plus respecté au sein de l'empire , de dire qui selon lui méritait d’être pape.
Wazon déclara que le meilleur candidat pour le trône pontifical était celui que l'empereur avait déchu , Grégoire VI.
Les tractations avec Wazon s'éternisérent , Henri perdit patience et nomma Poppo , évêque de Brixen , dans le Tyrol , un homme de valeur et fort instruit qui avait participé au Synode de Sutri.
Cette décision contraria les Romains , qui souhaitaient toujours que Halinard devînt le nouveau pape. Néanmoins , Henri renvoya chez eux les délégués romains avec des cadeaux pour apaiser leur colère.
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152 |
Saint Léon IX
| 1049/1054 |
Eguisheim |
Saint Léon IX , né Bruno d'Eguisheim-Dagsbourg (en français Eguisheim-Dabo) à Dabo ou Eguisheim le 21 juin 1002 et mort à Rome le 19 avril 1054 , est un pape du haut Moyen Âge.
Noble alsacien et évêque de Toul , il fut nommé pape par l'empereur germanique et accepté par le clergé de Rome. Il fut couronné pape le 12 février 1049 sous le nom de Léon IX.
Grand voyageur , il œuvra activement pour la paix. Son pontificat fut marqué par le début de la réforme grégorienne. Reconnu comme saint par l'Église catholique , il est liturgiquement commémoré le 12 avril.
Son père , Hugues IV de Nordgau est de la famille des comtes du Nordgau , seigneurs d'Eguisheim.
Membre de la très haute aristocratie : sa famille se rattache par sa mère , Heiwige fille du comte de Dabo , aux Carolingiens de Francie occidentale et par son père aux rois de Germanie.
Dans la parenté de Bruno figurent aussi bien des comtes de Reims que des évêques de Langres et de Metz il est le cousin des empereurs Conrad II le Salique et Henri III.
Ses parents construisirent deux abbayes : à Woffenheim (Sainte-Croix-en-Plaine) , à l'Oelenberg (Reiningue) et , vers 1029 , le château du Wahlenbourg , au Drei-Exen (Husseren-les-Châteaux).
Évêque de Toul
Pendant les 20 ans que dure cet épiscopat , Bruno lutte contre le nicolaïsme et la simonie. Il s'inscrit dans le mouvement réformateur promu par Cluny et Gorze. Il recrute parmi les représentants de ce courant ses collaborateurs.
C'est en 1048 qu'il remarque Hildebrand (futur Grégoire VII) et l'attache à lui. Il impose à son entourage et lui-même un train de vie humble et pieux , se comportant en moine bénédictin et donnant ainsi exemple aux abbés de son évêché.
À force d'énergie, il obtient l'assainissement moral des abbayes de son évêché. Il reste fidèle à l'empereur et va plaider sa cause devant Robert le Pieux pour la succession du royaume de Bourgogne , où Conrad II , qui a hérité de Rodolphe III mort sans enfants, est contesté par Eudes de Champagne qui a , lui le soutien des Italiens.
Il arrive avec succès à ménager la paix entre les deux souverains.Sa renommée franchit largement les frontières de la Lorraine.
Élection Deux papes désignés par l'empereur sont assassinés (Clément II et Damase II). Henri III doit impérativement désigner un pape dont la moralité ne puisse être mise en doute et suffisamment habile pour gagner la confiance des Romains.
Bruno , après son brillant ministère à Toul , est le candidat idéal. Pour se faire accepter , il ne doit cependant pas être le candidat désigné par l'empereur , il se rend en pèlerinage dans la Ville sainte et demande humblement aux Romains de
ne l'élire que s'il leur convient. Il est alors intronisé sous le nom de Léon IX (en mémoire de Léon le Grand , qui avait affirmé la primauté de l'évêque de Rome en tant que successeur de Pierre) le 1er février 1049.
Réforme grégorienne
Élevé dans l'esprit clunisien , il déclare que c'est l'indignité des papes précédents qui leur a valu un tel désaveu par les Romains .
Il considère que le souverain temporel ne devrait pas intervenir dans la vie religieuse. Comme à Toul , il s'entoure de réformateurs comme le moine Humbert de Moyenmoutier , dont l'intelligence est reconnue , mais qui n'est pas diplomate , Hugues Candide , Frédéric de Lorraine (le futur Etienne IX) ou Pierre Damien.
Il nomme un clunisien , Hildebrand (le futur Grégoire VII) , sous-diacre et le charge de l'administration des revenus du Saint-Siège ,alors proche de la faillite.
Les organes de gouvernement sont réorganisés suivant le modèle impérial et le rôle des cardinaux , auxquels sont confiés des postes clés de l'administration , s’accroît .
Ces fonctions , naguère réservées aux représentants des familles romaines sont ouvertes aux « étrangers » , ce qui imprime un caractère universel au Saint-Siège .
En avril 1049 , Léon IX réunit un concile à Rome condamnant la simonie et une partie du nicolaïsme. Mais les prélats allemands et français ne viennent pas.
Il décide alors de parcourir la chrétienté pour défendre énergiquement sa réforme , d'autant que Rome se fait menaçante.
Le 3 octobre 1049 : concile tenu par le pape Léon IX pour remédier à plusieurs abus dans le cadre de la réforme de l'Église (simonie, nicolaïsme...) et qui faisait la suite de ceux de Rome et de Pavie.
Le pape venait à l'initiative de l'abbé de Saint-Remy pour consacrer la nouvelle église. Henri Ier avait convoqué le banc et l'arrière-banc de son domaine et il ne vint que l'évêque de Senlis et celui de Reims qui les accueillait.
Le concile se tenait avec vingt évêques , cinquante abbés et de nombreux clercs , parmi eux : l'archevêque de Trêves , celui du Lyon et celui de Besançon l'évêque de Porto.
Le concile prit des sanctions canoniques contre Guillaume le Conquérant à la suite de son mariage avec sa cousine Mathilde de Flandres.
Ainsi que contre des gens d'Église , furent excommuniés : l'archevêque de Sens et celui de Saint-Jacques en Galicie , les évêques de Beauvais , d'Amiens , l'abbé de Saint-Médard.
Furent déposés les évêques de Langres et celui de Nantes. Douze canons furent promulgués contre l'usure , contre le port des armes par les clercs , l'accès aux charges ecclésiastiques sans élection préalable , la protection des pauvres ...
En tant que tout nouvel abbé de Corbie , Foulques de Corbie (homonyme de l'évêque d'Amiens) fut choisi avec l'un de ses moines , Gérault, pour faire partie de la suite du pape à son retour vers Rome.
Le pape ordonna prêtres Foulques (qui n'était alors que diacre) et Gérault.
Au cours du voyage , Gérault avait fait à pied l’ascension du Col du Grand-Saint-Bernard et du col de La Cisa. Le pape accorda à Foulques , comme un privilège particulier , le port de la dalmatique et des escarpins pour les fêtes solennelles.
De juillet 1050 jusqu'à mars 1053 , il sillonne l'Europe de Bénévent au sud , à Cologne au nord , à Reims à l'ouest , à Bratislava à l'est.
Ses principales luttes sont :
contre l'achat ou la vente de charges ecclésiastiques (la simonie)
contre le concubinage des prêtres (le nicolaïsme)
les évêques ne devaient pas être des préfets de l'Empire , mais des théologiens
le retour à des vertus « plus chrétiennes ».
Il excommunie et dépose les évêques reconnus coupables. Il convoque pendant son pontificat douze conciles. Il impose la trêve de Dieu aux seigneurs constamment en guerre les uns contre les autres.
Il tente d'interdire le mariage du duc de Normandie Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre. Cette union est entachée de consanguinité , mais le motif politique de cette décision est la crainte de l'Église de voir unies deux grandes puissances
: la Flandre et la Normandie (les Normands installés à Aversa et en Apulie ayant déjà menacé la papauté). Le mariage a bien lieu en 1050.
Ses démêlés avec les Normands de l'Italie du sud
Les musulmans venant de s'installer en Sardaigne , il envoie un légat aux Pisans pour leur proposer la concession perpétuelle de l’île à condition de lui reverser un tribut.
Ceux-ci s'acquittent pleinement de cette mission , s'emparant même de la Corse au passage. Depuis 1016 , des bandes de cadets normands tentent leur chance en Italie du Sud.
Le système de féodalité directe établie par les ducs de Normandie avec des règles héréditaires favorisant surtout les aînés oblige les puînés à rechercher fortune ailleurs. Beaucoup vendent leurs talents militaires comme mercenaires.
L'Italie du sud est disputée entre Byzantins , Sarrasins et Lombards qui emploient nombre de mercenaires normands reconnus pour leur efficacité (ils gagnent maintes batailles en infériorité numérique).
Ces derniers , malmenés par leurs employeurs , ne tardent pas à guerroyer pour leur propre compte et conquièrent les comtés d'Aversa et d'Apulie en Italie du Sud.
Henri III les reconnaît comme vassaux de l'Empire. En 1051 , le duché de Bénévent se soumet au pape et ce dernier , voyant sa dernière acquisition menacée par les pillards normands , entre en guerre contre eux.
Cependant , l'aide d'Henri III et des Byzantins est insuffisante et le pape est vaincu en 1053 à la bataille de Civitate en Apulie.
C'est un échec : il est fait prisonnier par les Normands la même année et cela brouille définitivement la papauté avec Byzance.
Finalement , le pape est libéré au bout de neuf mois de détention en Bénévent après avoir reconnu les possessions normandes en Apulie et en Calabre.
Sa réforme lui a attiré beaucoup d'inimitiés , et revenu mourant à Rome , il voit son palais pillé en 1054.
Le schisme
Les Byzantins s'éloignent de Rome : ils sont excédés par les liens entre Rome et l'empire ottonien. Surtout , les menées du pape et des empereurs en Italie du Sud ont tout pour faire de Byzance un adversaire.
En 1054 , le schisme des civilisations et des cultures est depuis longtemps consommé , mais c'est cette année-là que la rupture devient officielle.
Depuis le patriarcat de Michel Cérulaire , les relations entre Rome et Constantinople sont très tendues : les couvents et églises des Latins à Constantinople sont fermés.
Si l'affirmation de la papauté comme étant à la tête de l'Église universelle est le fondement du schisme , c'est une controverse sur l'Eucharistie qui le déclenche.
Les Latins utilisent un pain sans levain et les Grecs du pain ordinaire. Léon IX fait réfuter les traités grecs traitant du problème. Humbert de Moyenmoutier dans son Dialogus écarte les assertions des Grecs ,
condamne le mariage des prêtres en usage en Orient et accuse les Byzantins d'hérésie car ils n'admettent pas le Filioque et les menaces d'excommunication.
Le pape envoie les légats Humbert de Moyenmoutier et Pierre d'Amalfi à Constantinople pour y explorer la possibilité d'une réconciliation avec l'Église du lieu. Mais malgré les efforts de l'empereur Constantin IX ,
les légats excommunient le patriarche et ses partisans le 16 juillet 1054. Cérulaire contre-attaque par une excommunication générale des Latins, ouvrant ainsi le schisme entre l'Occident et l'Orient.
En fait, les légats ne savent pas lorsqu'ils excommunient le patriarche que leur mandat n'est plus valable du fait de la mort du pape survenue le 19 avril 1054.
Le pape Léon IX a été canonisé en 1087 par Victor III. Sa fête est célébrée traditionnellement au jour d'anniversaire de sa mort terrestre (dite aussi « Naissance au Ciel ») le 19 avril. Son corps repose à la basilique Saint-Pierre.
En Lorraine et en Alsace, des églises lui sont consacrées notamment à Dabo , Nancy , Strasbourg.
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153 |
Victor II
| 1055/1057 |
Souabe |
Victor II, né Gebhard de Dollnstein-Hirschberg en 1018 et mort le 28 juillet 1057, est un prélat allemand, 153e pape de 1055 à 1057.
C'est sur l'insistance de son oncle Gebhard III, évêque de Ratisbonne, que Victor II fut présenté, le jour de Noël 1042, à Henri III pour être évêque d'Eichstätt. L'empereur a d'abord hésité parce que Gebhard avait seulement 24 ans. Mais sur le conseil d'une délégation romaine dont faisaient partie l'archevêque âgé Bardo de Mayence et Hildebrand (futur Grégoire VII), il a finalement consenti à son investiture. Gebhard s'est avéré être un bon évêque et un homme d'État prudent.
En cette position, il a soutenu les intérêts d'Henri III. Il est d'ailleurs devenu par la suite l'un de ses conseillers les plus influents.
Agé de 37 ans, le 13 avril 1055, quand il fut élu pape, prenant le nom de Victor II.
Dès le début de son pontificat iI se montra un partisan dévoué de la politique impériale. Il se trouvait à Rome depuis la fin de 1055, quand, dès l'automne 1056, il retourna en Allemagne pour demander la protection de l'Empereur contre les Normands,
qu'il présenta comme de « nouveaux Sarrasins ». Il parvint à réconcilier Henri III avec Godefroy II, duc de Lorraine.
Après avoir présidé aux obsèques impériales le 28 octobre, Victor II fut, le 5 novembre suivant, le principal artisan de l'élection du jeune fils d'Henri III comme empereur, sous le nom d'Henri IV, et mit en place la régence d'Agnès d'Aquitaine,
veuve de l'empereur. L'importance du rôle qu'il continua à tenir dans d'autres affaires politiques de la région, a pu faire dire de Victor II qu'il fut davantage chancelier du Saint Empire romain germanique que chef de l'Église catholique romaine.
Il mourut de la malaria à Arezzo le 28 juillet 1057, après un pontificat de 2 ans, 3 mois et 10 jours. Il a été enterré dans S. Maria Rotonda de Ravenne.
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154 |
Étienne IX
| 1057/1058 |
Lorraine |
Frédéric de Lorraine ou Frédéric d'Ardenne fut pape sous le nom d'Étienne IX, du 3 août 1057 au 29 mars 1058.
Premier pape à s'émanciper de la tutelle de l'empereur germanique, il est mort assassiné. Canonisé, il est fêté le 29 mars, jour de sa mort.
Né à Dun-sur-Meuse (Lotharingie), fils de Gothelon Ier de Lotharingie, Frédéric de Lorraine est un membre de la famille des ducs de Lorraine et est également le frère de Godefroi II, duc de Toscane.
Moine bénédictin, il devient chanoine puis archidiacre de Liège avant de devenir abbé de la prestigieuse abbaye du Mont-Cassin et chancelier du pape Léon IX1.
Partageant avec ce dernier autant la volonté de réforme que l'hostilité contre les Normands, il est un des promoteurs en 1053 de la campagne militaire contre ces derniers qui voit la coalition anti-normande défaite lors de la bataille
de Civitate à l'issue de laquelle Léon IX est capturé.
Début 1054, Léon IX libéré envoie à Byzance une légature de trois prélats réformateurs dont fait partie Frédéric de Lorraine qu'accompagnent Humbert de Moyenmoûtier et Pierre d’Amalfi, pour une mission exploratoire à la suite de
la fermeture brutale des églises latines de Constantinople décrétée par l'autoritaire et intransigeant patriarche de Constantinople, Michel Cérulaire.
Ce dernier, craignant davantage l'expansionnisme romain que les avancées normandes, accuse le pape romain d'hérésie prétextant la doctrine de la double procession.
Les légats sont bien accueillis par l'empereur mais le patriarche refuse de les recevoir , le 15 juillet, les trois émissaires excommunient le patriarche (sans réel mandat car Léon IX était mort entre temps)
qui réplique par la convocation un synode qui, le 25 du même mois, anathématise à son tour les légats (et non le pape qui est mort le 19 avril).
C'est la date qui marque traditionnellement le schisme entre les églises occidentale et orientale, même si la portée réelle de l'évènement est mineur et que les relations diplomatiques perdureront encore deux siècles entre les deux sièges.
À la suite du décès de Victor II, Frédéric de Lorraine est élu pape par le clergé et le peuple de Rome et prend le nom d'Étienne IX, sans l'aval de l'empereur Henri IV du Saint-Empire — alors sous la régence de sa mère Agnès d'Aquitaine —,
soustrayant de la sorte la papauté à la tutelle de l'empereur du Saint-Empire germanique .Son pontificat sera ainsi marqué par la lutte pour l'indépendance de l'Église vis-à-vis de la volonté impériale de faire nommer les papes par l'empereur germanique.
Dans l'idée de former une nouvelle coalition anti-normande, il s'emploie à nouer des alliances avec l'empereur byzantin Isaac Comnène en vain.
Étienne IX meurt à Florence le 28 mars 1058 après seulement huit mois de pontificat, vraisemblablement assassiné selon des sources récentes .
La motivation de cet assassinat pourrait trouver son origine dans le fait que, premier pape à remettre en question la nomination des papes par les empereurs germaniques depuis le règne de Charlemagne ou par la vox populi de Rome,
il propose que le souverain pontife soit élu par un collège de cardinaux, mode d'élection qui sera institué par son successeur.
Il pourrait également avoir été empoisonné par l'aristocratie romaine qui sera prompte à tenter de placer sur le siège pontifical le cardinal-évêque de Velletri, Jean de Tusculum dit « le Simplet » (Minchio), qui devient l'antipape Benoît X.
Suivant la volonté d'Étienne IX, l'influent Hildebrand intronise Nicolas II le 8 décembre 1058. Benoît X est délogé par l'intervention de Godefroi II de Toscane, frère du pape défunt, puis déposé par un synode se déroulant à Sutri,
qui intronise officiellement Nicolas II en janvier 1059.
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ANT |
Benoît X
| 1058/1059 |
Rome |
Benoît X (Giovanni dei Conti di Tuscolo), né Jean Mincius, est un évêque et un cardinal italien du xie siècle, qui fut antipape romain du 5 avril 1058 au 24 janvier 1059, successeur d'Étienne IX, pape du 3 août 1057 au 29 mars 1058.
Giovanni dei Conti di Tuscolo appartient à l'importante famille romaine des Comtes de Tusculum.
La vacance du siège apostolique provoquée par la mort du pape Étienne IX incita cette famille à s'emparer de la ville de Rome et à faire élire, par un groupe de clercs qui ne possédait pas le pouvoir canonique, un pape intrus,
Jean Mincius, le 5 avril 1058. Il se fit chasser quelques mois après par les Romains qui élirent Nicolas II.
Il mourut en 1074, sous le règne du pape Grégoire VII.
Son nom n’apparaît pas dans la liste officielle des papes, qui passe de Benoît IX à Benoît XI.
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155 |
Nicolas II
| 1059/1061 |
Bourgogne |
Du pape Nicolas II, nous ne connaissons que son prénom : Gérard, Gérald, Gherard, Gerardus ou Giroldus. Il serait né, entre 990 et 995, à Chevron (Cisvaro), l'ancienne Caprea-Dunnun en Allobrogie
(actuelle commune de Mercury dans la combe de Savoie), et qui, selon la tradition, aurait appartenu à la famille des Chevron (avant la famille Chevron-Villette).
Les anciens textes le désignent comme Allobrox, Allobroge, natione Burgondio, sive Sabaudiensis (nation bourguignone ou savoyarde), il fut donc aussi appelé Gérard de Bourgogne, Gérard l'Allobroge et même Gerald de Lorraine.
Ce pape fut d'abord un moine d'un grand savoir encyclopédique pour son temps, mais n'appartenait probablement pas à l'ordre de Cluny.
Après la victoire de l'empereur Conrad le Salique sur Eudes de Champagne, et la prise de possession du royaume de Bourgogne, le 1er août 1034, Gérard l'Allobroge se mit au service du duc Boniface III de Toscane, un des plus puissants
lieutenants de l'empereur, et partit avec lui en Italie.
Il aurait entrepris pendant 10 ans des études importantes, qu'il suivit en Italie et peut-être même à Paris.
En janvier 1045, il fut élu évêque de Florence, et élu pape à Sienne le 6 décembre 1058 par les soins d'Hildebrand, il fut conduit à Rome par Godefroy le Barbu, frère de son prédécesseur, qui expulsa l'antipape Benoît X, élevé par la faction de Tusculum.
Il commença à affranchir la papauté de la tutelle impériale, et mourut à Florence en 1061.
Il combattit le nicolaïsme, déviance disciplinaire de certains prêtres mariés ou en concubinage, en interdisant aux croyants d’assister à une messe célébrée par un prêtre marié. Ceux qui avaient pris femme durent s'en séparer.
Dans le cadre de ce que les historiens ont appelé a posteriori la réforme grégorienne, il interdit aux clercs de recevoir une église des mains d'un laïc et d'obtenir l'obtention de charges ecclésiastiques contre de l'argent (simonie).
Il interdit la nomination des évêques sans l'autorisation papale.
En 1059, il réunit le synode de Melfi. Le pape Nicolas II vint en Italie du Sud et reçut les serments de fidélité des princes normands Richard Ier d'Aversa et Robert Guiscard, en échange de leur investiture et de leur fidélité.
Le pape comptait sur l'appui normand pour contrebalancer la puissance de l'Empire.
Sous l’influence du moine Hildebrand, qui devait devenir pape sous le nom de Grégoire VII, il promulgua le 13 avril 1059, le décret qui remettait l’élection du pape dans les seules mains du collège des cardinaux, confirmant le synode de Melfi.
Néanmoins, l'empereur gardait le droit de confirmer le candidat au siège pontifical.Nicolas II voulut aussi que les chanoines reviennent à une discipline plus stricte, en imposant les repas en commun et la nuit au dortoir.
Il est mort à Florence le 19 juillet 1061.
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156 |
Alexandre II
| 1061/1073 |
Milan |
Anselme de Lucques est né vers 1010 ou 1015 à Milan et mort à Rome le 21 avril 1073, élu pape en 1061 sous le nom d'Alexandre II.
Né à Baggio , dans la région de Milan, il est formé à Cluny, aux côtés du cardinal Hildebrand (futur Grégoire VII) puis à l'abbaye du Bec dirigée par Lanfranc.
Il commença sa carrière publique par la prédication. En Lombardie, il attaqua les mœurs du clergé, en particulier le mariage des prêtres. L'archevêque Guido, irrité, le dénonça auprès de l'empereur Henri III.
Au lieu de le condamner, l'Empereur lui confia la prédication en Allemagne. En 1057, Anselme se vit confier l'évêché de Lucques.
Par la suite, il fut nommé légat apostolique à Milan, la première fois en 1057 en compagnie d'Hildebrand, la seconde en 1059 en compagnie de Pierre Damien.
À la mort de Nicolas II, en 1061, il fut élu pape par le Sacré Collège (Élection pontificale de 1061), conformément au décret du feu pape. Une notification fut adressée à la cour de l'Empereur, qui l'ignora.
Les cardinaux considérèrent que le privilège impérial de confirmation avait été abandonné. Anselme fut couronné pape sous le nom d'Alexandre II le 30 septembre.
Furieux d'être dépossédés de leur ancien droit d'élection, les Romains portèrent leurs griefs devant l'impératrice Agnès, régente pour son jeune fils Henri IV.
Celle-ci convoqua une assemblée à Bâle qui, en l'absence de tout cardinal, élit un autre pape, qui prit le nom d'Honorius II.
Alexandre II condamna la simonie et le nicolaïsme. Il appuya Guillaume le Conquérant dans la conquête normande de l'Angleterre, politiquement et en lui fournissant un étendard consacré ainsi que des reliques sacrées.
Il refusa d'autoriser le divorce de Henri IV et le força à reprendre sa femme, Berthe de Saxe. En 1063, il transforma la Reconquista en guerre sainte, par l'octroi d'une indulgence plénière aux soldats qui participeraient à la prise de Barbastro,
ville d'Aragon tenue par les Maures.
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ANT |
Honorius II
| 1061/1064 |
Vicence |
Honorius II (Pierre Cadalus), né vers 1009 de souche germanique à Vérone, en Italie, et décédé en 1072, était un religieux italien du Moyen Âge, qui fut évêque de Parme, puis antipape de 1061 à 1072.
Né à Vérone il devint évêque de Parme en 1046. Il mourut dans cette ville en 1072.
Après la mort du pape Nicolas II (1059-61) en juillet 1061, deux groupes différents se réunirent pour élire un nouveau pape. L
es cardinaux s'assemblèrent sous la direction de Hildebrand (le futur pape Grégoire VII) et élurent le 30 septembre 1061 Anselme l'Ancien, évêque de Lucques, un des chefs du parti réformiste, qui prit le nom d'Alexandre II (1061-73).
Vingt-huit jours après cette élection, une assemblée d'évêques et de notables allemands et lombards opposés au mouvement de réforme fut réunie à Bâle par l'impératrice Agnès agissant comme régente pour son fils, l'empereur Henri IV (1056-1105)
elle était présidée par le chancelier impérial Wilbert. Ils élurent le 28 octobre 1061, l'évêque de Parme, Cadalus, qui prit le nom d'Honorius II.
Avec le soutien de l'impératrice et des nobles, au printemps de 1062, Honorius II marcha vers Rome avec ses troupes pour occuper par la force le trône pontifical.
L'évêque d'Alba, Benzo, appuya sa cause comme légat impérial à Rome, et Cadalus s'avança jusqu'à Sutri.
Le 14 avril eut lieu à Rome un affrontement bref mais sanglant, où les forces d'Alexandre II eurent le dessous, et l'antipape Honorius II prit possession du territoire de saint Pierre.
En mai 1062 arriva le duc de Lorraine Godefroy, qui conduisit les deux rivaux à soumettre l'affaire à la décision du roi.
Honorius II se retira à Parme et Alexandre II retourna à son siège de Lucques, pendant que la médiation de Godefroy était examinée par la cour d'Allemagne et les conseillers du jeune roi de Germanie, Henri IV.
En Allemagne, pendant ce temps, eut lieu une révolution. Anno, le puissant archevêque de Cologne, s'empara de la régence, et l'impératrice Agnès se retira au couvent à Fructuaria dans le Piémont.
L'autorité souveraine en Allemagne passa à Anno, qui était hostile à Honorius II.
S'étant prononcé contre Cadalus, le nouveau régent fit nommer au Conseil d'Augsbourg (octobre 1062) un émissaire qui devait être envoyé à Rome pour enquêter sur les accusations de simonie proférées contre Alexandre II.
Cet émissaire, Burchard II, évêque d’Halberstadt (et neveu d'Anno) ne trouva rien à redire à l'élection d'Alexandre II qui fut reconnu comme le pape légitime, tandis que son rival était excommunié en 1063.
L'antipape n'en abandonna pas pour autant ses prétentions. Lors d'un contre-synode tenu à Parme, il défia l'excommunication. Ayant rassemblé une force armée il marcha une fois de plus vers Rome, où il s'établit au Château Saint-Ange.
La guerre entre les papes rivaux dura environ un an. Finalement, Honorius II dut renoncer, s'enfuir de Rome, et revenir à Parme.
Le 31 mai 1064, à la Pentecôte, le Concile de Mantoue termina le schisme en déclarant officiellement qu'Alexandre II était le successeur légitime de saint Pierre.
Honorius II maintint ses prérogatives sur le trône pontifical jusqu'à sa mort en 1072.
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157 |
Saint Grégoire VII
| 1073/1085 |
Sovana |
Ildebrando Aldobrandeschi de Soana, né vers 1015/1020 et mort le 25 mai 1085 à Salerne , est un moine bénédictin toscan qui devient en 1073 le 157e évêque de Rome et pape sous le nom de Grégoire VII.
Il accepte ces fonctions à contre-cœur : il est déjà sexagénaire et en connaît les lourdes responsabilités.Il est le principal artisan de la réforme grégorienne, tout d'abord comme conseiller du pape Léon IX et de ses successeurs, puis sous son propre pontificat.
Cette réforme entend purifier les mœurs du clergé (obligation du célibat des prêtres, lutte contre le nicolaïsme) et lutter contre la simonie, le trafic des bénéfices et notamment des évêchés,
ce qui provoque un conflit majeur avec l'empereur Henri IV. Celui-ci considère comme relevant de son pouvoir de donner l'investiture aux évêques.
Au cours de la querelle des Investitures, Grégoire VII oblige l'empereur excommunié à faire une humiliante démarche de pénitence.
Cependant cet épisode ne suffit pas à régler le conflit et Henri reprend l'avantage en assiégeant le pape réfugié au château Saint-Ange.
Libéré par les Normands, le pape est chassé de Rome par la population, excédée par les excès de ses alliés. Grégoire VII meurt en exil, à Salerne, le 25 mai 1085.Grégoire VII est considéré comme saint par l'Église catholique il est fêté le 25 mai.
L'affrontement avec Henri IV
Grégoire VII entreprend des négociations avec Henri IV, soutenu par quelques évêques de l'Empire à propos de l'investiture royale . Les négociations échouent.
En septembre 1075, à la suite du meurtre d'Erlembald, Henri investit (contrairement aux engagements pris) le clerc Tedald archevêque de Milan, ainsi que des évêques dans les diocèses de Fermo et de Spolète. Alors éclate le conflit.
Grégoire envoie en décembre une lettre virulente à Henri, dans laquelle il l'exhorte vivement à l'obéissance .
C'est la lutte entre le pouvoir sacerdotal et le pouvoir impérial.
Le Dictatus papae
En janvier 1076, Henri réunit autour de lui la majorité des évêques lors de la diète de Worms la plupart des évêques d'Allemagne et de Lombardie entrent alors en dissidence avec le pape qu'ils reconnaissaient jusqu'alors, et déclarent Grégoire destitué.
Les évêques et les archevêques se considèrent en effet comme des princes de l'Empire, dotés de privilèges importants que l'attribution des charges ecclésiastiques relève du pape leur paraît une menace pour l’Église de l'Empire,
pierre d'angle de son administration. Ils rédigent donc depuis Worms une réponse à Grégoire VII, le sommant de quitter sa fonction :
« Henri, roi, non par usurpation, mais par la juste ordonnance de Dieu, à Hildebrand [prénom de Grégoire VII avant son accession au siège pontifical], qui n'est plus le pape, mais désormais le faux moine [...]
Toi que tous les évêques et moi-même frappons de notre malédiction et de notre sentence, démissionne, quitte ce siège apostolique que tu t'es arrogé. [...]
Moi, Henri, roi par la grâce de Dieu, te déclare avec tous mes évêques : démissionne ! »
On justifie cette révocation en prétendant que Grégoire n'a pas été élu régulièrement : il a en effet été tumultueusement élevé à cette dignité par le peuple de Rome.
De plus, en tant que Patricius de Rome, Henri a le droit de nommer lui-même le pape, ou du moins de confirmer son élection (droit dont il n'a pas usé).
On prétend encore que Grégoire aurait juré de ne jamais se faire élire pape, et qu'il fréquente intimement les femmes.
Le synode de carême de 1076 à Rome
La réponse de Grégoire est rapide, il prêche au synode de Carême de 1076 :
« que m'a été donné de Dieu le pouvoir de lier et de délier, sur Terre comme au Ciel.
Confiant dans ce pouvoir, je conteste au roi Henri, fils de l'empereur Henri, qui s'est élevé avec un orgueil sans bornes contre l’Église, sa souveraineté sur l'Allemagne et sur l'Italie, et je délie tous les chrétiens du serment qu'ils lui ont
ou qu'ils pourraient encore lui prêter, et leur interdit de continuer à le servir comme roi.
Et puisqu'il vit dans la communauté des bannis, puisqu'il méprise les exhortations que je lui adresse pour son salut, puisqu'il se sépare de l’Église et qu'il cherche à la diviser, pour toutes ces raisons,
moi, Ton lieutenant, je l'attache du lien de la malédiction. »
Grégoire VII déclare Henri IV déchu et l'excommunie s'étant rebellé contre la souveraineté de l’Église, il ne peut plus être roi.
En conséquence, tous ses sujets sont déliés de l'allégeance qu'ils lui ont prêtée.
Cette excommunication du rex et sacerdos, dont les prédécesseurs ont, en tant que patricius Romanorum et dans une conception sacrée et théocratique du roi, arbitré l'élection des papes, parait à l'époque inimaginable
et suscite une vive émotion dans la chrétienté occidentale. On rédige quantité de pamphlets pour ou contre la suprématie de l'empereur ou du pape, en se référant souvent à la théorie des deux pouvoirs de Gélase Ier (pape de 492 à 496)
la chrétienté allemande s'en trouve profondément divisée.
La pénitence de Canossa
Après cette excommunication, beaucoup de princes allemands qui soutenaient Henri, se détachent de lui à l'assemblée de Tribur en octobre 1076, ils le contraignent à renvoyer les conseillers condamnés par le pape et
à faire pénitence avant le terme d'un an et un jour (soit avant le 2 février suivant). Henri doit en outre se soumettre au jugement du pape lors de la diète d'Augsbourg, pour que les princes renoncent à élire un nouveau roi.
Grégoire craignant l'approche d'une armée impériale et souhaitant éviter une rencontre avec Henri se retire à Canossa, château bien fortifié de
la margravine de Toscane Mathilde de Briey. Henri obtient avec son aide et celle de son parrain Hugues de Cluny, une rencontre avec Grégoire.
Le 25 janvier 1077, fête de la Conversion de saint Paul, Henri se présente en habit de pénitent devant le château de Canossa. Au bout de trois jours, soit le 28 janvier, le pape lève l'excommunication,
cinq jours avant l'expiration du délai imparti par les princes de l'opposition.L'image d’Épinal d'Henri se rendant à Canossa dans une attitude d'humble pénitence repose essentiellement sur notre source principale,
Lambert d'Hersfeld, qui était par ailleurs partisan du pape et membre de la noblesse d'opposition.
La pénitence était un acte formel, accompli par Henri, et que le pape ne pouvait refuser elle apparaît aujourd'hui comme une habile manœuvre diplomatique,
qui rendait à Henri sa liberté d'action tout en restreignant celle du pape. Il est pourtant acquis que, sur le long terme, cet événement a porté un sérieux coup à la position de l'Empire allemand.
Les Anti Rois
Bien que l'excommunication ait été levée cinq jours avant le délai d'un an et un jour et que le pape lui-même considère officiellement Henri comme roi, les princes de l'opposition le destituent le 15 mars 1077 à Forchheim, en présence de deux légats pontificaux.
L'archevêque Siegfried Ier de Mayence fait procéder à l'élection d'un anti-roi, Rodolphe de Rheinfelden, duc de Souabe, qui est sacré à Mayence le 26 mars les princes qui l'élèvent au trône lui font promettre de ne jamais avoir recours à des pratiques
simoniaques lors de l'attribution de sièges épiscopaux.
Il doit aussi accorder aux princes un droit de vote à l'élection du roi et ne peut transmettre son titre à d'éventuels fils, abandonnant le principe dynastique qui prévalait jusqu'alors.
C'est le premier pas vers l'élection libre que réclament les princes de l'Empire. En renonçant à l'hérédité de la couronne et en autorisant des nominations d'évêques canoniques, Rodolphe affaiblit considérablement les droits de l'Empire.
Comme au cours de la guerre contre les Saxons, Henri s'appuie surtout sur les classes sociales montantes (petite noblesse et officiers ministériels), ainsi que sur les villes libres d'Empire au pouvoir croissant, comme Spire et Worms,
qui lui doivent leurs privilèges, et sur les villes proches des châteaux du Harz, comme Goslar, Halberstadt et Quedlinbourg.
La montée des ministériels, autrefois privés de pouvoirs, tout comme l'émancipation des villes, se heurte à la solide résistance des princes qui
rangent du côté de Rodolphe de Rheinfelden, contre Henri. Le pape reste tout d'abord neutre, conformément aux accords conclus à Canossa.
Au mois de juin, Henri met Rodolphe de Rheinfelden au ban de l'Empire. L'un et l'autre se réfugient en Saxe. Henri subit d'abord deux défaites : le 7 août 1078 à Mellrichstadt et le 27 janvier 1080 à Flarchheim près de Mühlhausen (Thuringe).
Lors de la bataille de Hohenmölsen, près de Mersebourg, qui tournait pourtant à son avantage, Rodolphe perd la main droite et est frappé mortellement , il succombe le lendemain, 15 octobre 1080.
La perte de la main droite, la main du serment de fidélité prêté à Henri au début de son règne, est utilisée politiquement par les partisans d'Henri (c'est un jugement de Dieu) pour affaiblir un peu plus la noblesse d'opposition.
Epilogue
En 1079-1080, Grégoire VII fait venir Eudes de Chatillon (qui est le grand prieur de Cluny et le futur pape Urbain II) à Rome et le nomme cardinal-évêque d'Ostie. Eudes devient un conseiller intime du pape, et soutient la réforme grégorienne.
En mars 1080, Grégoire VII excommunie de nouveau Henri, qui soumet alors la candidature de Wibert, archevêque de Ravenne, à l'élection de l'(anti)pape.
Il est élu le 25 juin 1080 au synode de Bressanone par la majorité des évêques allemands et lombards, sous le nom de Clément III.
Le monde Chrétien se trouve donc à ce moment-là scindée en deux : Henri est roi et Rodolphe anti-roi, Grégoire est pape et Clément antipape.
Dans les duchés aussi le pouvoir est contesté : en Souabe, par exemple, Berthold de Rheinfelden, fils de Rodolphe, s'oppose à Frédéric de Hohenstaufen, fiancé d'Agnès, fille d'Henri, qui l'a nommé duc.
Après sa victoire sur Rodolphe, Henri se tourne en 1081 vers Rome, afin de trouver là aussi une issue au conflit il réussit, après trois sièges successifs, à prendre la ville en mars 1084.
Henri se doit alors d'être présent en Italie, d'une part pour s'assurer le soutien des territoires qui lui étaient fidèles, d'autre part pour affronter Mathilde de Toscane, fidèle au pape et son ennemie la plus acharnée en Italie du nord.
Après la prise de Rome, Wibert est intronisé sous le nom de Clément III le 24 mars 1084.
Un nouveau schisme commence : il dure jusqu'en 1111, quand le dernier anti-pape wibertiste, Sylvestre IV, renonce officiellement au siège pontifical.
Une semaine après l'intronisation, le dimanche de Pâques, 31 mars 1084, Clément sacre Henri et Berthe empereur et impératrice.
Eudes de Chatillon est nommé légat en France et en Allemagne, dans le but de démettre Clément III, et rencontre Henri IV à cette fin en 1080, en vain.
Il préside plusieurs synodes, dont celui de Quedlinburg (1085) qui condamne les partisans de l'empereur Henri IV et de l'antipape Clément III, c'est-à-dire Guibert de Ravenne.
Au même moment, Grégoire VII se retranche dans le château Saint-Ange et attend une intervention des Normands soutenus par les Sarrasins, qui marchent sur Rome, emmenés par Robert Guiscard avec qui il s'est réconcilié.
L'armée d'Henri est très affaiblie et n'affronte pas les assaillants. Les Normands libèrent Grégoire, pillent Rome et l'incendient.
Après les désordres perpétrés par ses alliés, Grégoire doit fuir la ville suivant ses libérateurs et se retire à Salerne, où il meurt le 25 mai 1085.
Ayant accompli l'un des pontificats les plus importants de l'histoire, d'un tempérament à la fois courageux et tenace.
Il est enterré dans la cathédrale de Salerne. Sur sa tombe sont gravés ses derniers mots : « Dilexi iustitiam,odivi iniquitatem, propterea morior in esilio ! » (J'ai aimé la justice et détesté l'iniquité c'est pourquoi je meurs en exil !).
L'œuvre de Grégoire VII est poursuivie par ses successeurs. En particulier par son conseiller Urbain II qui accède au pontificat en 1088, chasse l'antipape Clément III, prêche la première croisade en 1095 et encourage la reconquista.
Grégoire VII sera déclaré saint, canonisé, en 1606 par Paul V.
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ANT |
Clément III
| 1080/1100 |
Parme |
Clément III (Paolo Scolari) (Rome, vers 1130 - Rome, 27 mars 1191) fut élu pape à Pise le 19 décembre 1187. Avant son élection au pontificat, il était cardinal évêque de Palestrina.
Il parvient peu après son élection à calmer les tensions entre l'Église et la population de Rome en permettant aux citoyens romains d'élire eux-mêmes leurs magistrats (tandis que le pape garde le pouvoir de choisir le gouverneur de la ville).
Il a fait bâtir le monastère de Saint-Laurent-hors-les-murs, et restaurer le palais du Latran.
Il a organisé le regroupement des forces de la Chrétienté contre les Sarrasins. Il a également incité Henri II d'Angleterre et Philippe Auguste à entreprendre la troisième Croisade, à laquelle participa le roi d'Angleterre Richard Cœur de Lion,
qui fut lancée après sa mort par Célestin III et fut un échec (mort de l'empereur Frédéric Barberousse).
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158 |
Bienheureux Victor III
| 1086/1087 |
Bénévent |
Né en 1027 à Benevento sous le nom Dauferius et fils cadet du prince Landolf V de Bénévent, il est plus connu sous le nom de Desiderius (ou Didier) de Mont-Cassin dont il est abbé de juin 1058 jusqu'à son élection au trône pontifical.
Victor III est pape du 24 mai 1086 au 16 septembre 1087 Il poursuit l'œuvre de réforme de Grégoire VII. Après 16 mois passés comme chef de l'Église, il s'éteint au Mont-Cassin, dont il avait été l'abbé.
Léon XIII lui accorda le titre de bienheureux sans qu'il subisse un procès de canonisation.
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159 |
Bienheureux Urbain II
| 1088/1099 |
Lagery |
Lance le 27 novembre 1095 l'appel de Clermont à l'origine de la Première croisade.
Il est béatifié le 14 juillet 1881 par le pape Léon XIII. De son vrai nom Odon de Lagery, le pape Urbain II, né en Champagne 53 ans plus tôt, a été à Reims l'élève de Saint Bruno avant de devenir moine à Cluny.
Il succède en 1088 à Victor III sur le trône de Saint-Pierre. Il s'inscrit dans la lignée des grands papes réformateurs d'après l'An Mil comme Grégoire VII.
Il veut en particulier moraliser la chevalerie, éradiquer la violence et mettre fin aux guerres privées entre seigneurs féodaux, brutales, incessantes et cruelles.
Au concile de Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand, en Auvergne), le pape tente d'abord de régler les problèmes matrimoniaux du roi capétien Philippe 1er. Cela fait, il prononce un sermon retentissant à l'adresse des 310 évêques et abbés français.
Il rappelle les menaces très graves qui pèsent sur les chrétiens byzantins, du fait de la défaite de leur empereur face aux Turcs à Malazgerd (1071).
Le pape s'inquiète aussi des violences faites aux pèlerins depuis que le Saint-Sépulcre (le tombeau du Christ à Jérusalem) a été détruit sur ordre du sultan fatimide d'Égypte El-Hakim, dans un accès de fanatisme (c'était en 1009).
Il encourage en conséquence les « Francs » de toutes conditions à secourir leurs frères chrétiens.
Et il accorde l'indulgence plénière, c'est-à-dire la rémission de tous leurs péchés, à tous ceux qui perdraient la vie au cours de leur combat contre les infidèles (il s'agit essentiellement des Turcs).
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160 |
Pascal II
| 1099/1118 |
Bieda |
Lorsque Pascal II devint pape, il trouva en face de lui un antipape, Clément III, élu à l'instigation d'Henri IV, dont les partisans tenaient une partie de Rome.
Il parvint à chasser l'antipape de Rome et même à emprisonner ses deux successeurs. En 1102, il renouvela l'excommunication contre l'empereur du Saint-Empire romain germanique.
Il s'opposa très fermement au roi d'Angleterre qui demandait la reconnaissance des libertés normandes.
Pascal II aida Henri V à contraindre son père à abdiquer et Henri V accéda au trône impérial en 1105. Le pape pensait pouvoir négocier car Henri V voulait être couronné empereur par le pape.
En 1106, lors de la Diète de Mayence, le pape fut invité à se rendre en Allemagne, mais Pascal II refusa et renouvela l'interdiction des investitures laïques à l'occasion du concile de Guastalla qui se tint en octobre de la même année.
À la fin de l'année 1106, il se rendit en France pour chercher la médiation du roi Philippe Ier et du prince Louis. Il séjourna à l'abbaye Saint-Pierre de Bèze du 17 au 19 février 1107.
N'obtenant pas les résultats escomptés, il rentra en Italie en septembre 1107. Lorsque Henri V entra en Italie à la tête d'une armée pour être couronné, Pascal II accepta de signer le concordat de Sutri en février 11114.
L'empereur s'engageait à renoncer, le jour de son couronnement aux investitures laïques. En échange, les évêques renonçaient aux regalia, c'est-à-dire aux villes, duchés, marquisats, péages, monnaies, marchés qu'ils tenaient du fait
de leurs fonctions administratives en Italie depuis le couronnement de Charlemagne. Des préparatifs commencèrent pour le couronnement qui devait avoir lieu le 12 février 1111, mais le peuple romain se révolta et Henri V se retira,
emmenant avec lui Pascal II et la Curie, prisonniers. Après 61 jours d'emprisonnement, pendant lesquels l'armée du prince Robert Ier de Capoue venu au secours du pape fut mise en déroute,
Pascal II céda et promit son investiture à l'empereur. Henri V fut couronné à la basilique Saint-Pierre le 13 avril 1111 et, après avoir obtenu la promesse que le pape ne chercherait pas à se venger de ce qui venait de se passer,
se retira à travers les Alpes. Dès le mois d'octobre 1111 toutefois, un concile qui se tint à Vienne excommunia l'empereur et le concile de Latran, qui suivit en 1112, déclara l'investiture de l'empereur nulle.
La question des investitures fut réglée plus rapidement en Angleterre, puisqu'une solution fut trouvée en 1105 déjà à la querelle qui opposait le roi Henri Ier Beauclerc à l'archevêque Anselme de Cantorbéry.
Le compromis de Laigle du 22 juillet 1105 prévoyait entre autres qu'Henri abandonnait ses revendications à procéder à des investitures, mais qu'en contrepartie, le clergé local pourrait rendre hommage à sa noblesse.
Pascal II approuva ce compromis le 23 mars 1106. Le conflit reprit toutefois à la fin de son pontificat, Pascal II reprochant notamment au roi d'Angleterre, en 1115, de réunir des conciles sans son autorisation.
L'année 1115 vit également la mort de Mathilde de Toscane qui avait soutenu la papauté durant la querelle des investitures, et qui céda alors toutes ses terres au pape.
L'empereur Henri V revendiqua alors ces terres, jugeant qu'il s'agissait d'un fief impérial, et força le pape à fuir Rome en 1117.
Pascal ne put y revenir qu'au début de l'année 1118, après le départ des troupes impériales, et mourut quelques jours après.
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ANT |
Thierry
| 1100/1101 |
? |
Élu par des partisans de l’antipape Clément III.
N’a pas choisi de nom de règne.Cardinal-diacre de Santa Maria in via Lata, il appartient au parti de l'antipape Clément III (Guibert de Nogent), qui le nomme cardinal-évêque d'Albano. En 1098, il est légat en Allemagne.
En septembre 1100, à la mort de Clément III, il est élu pape et consacré à la basilique Saint-Pierre. Pendant son voyage pour rejoindre l'empereur Henri V, il est capturé par des partisans de son rival, Pascal II.
Enfermé au monastère de la Trinité à La Cava, il meurt en 1102.
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